Le Larbin, un film de Alexandre Charlot et Franck Magnier
Le scénario, signé des deux réalisateurs, Alexandre Charlot et Franck Magnier, est des plus originaux. Et plus subtil qu’il n’y paraît. Louis est un gosse de riche, pourri-gâté jusqu’à la moelle. Son père, Jean-François, est un milliardaire propriétaire d’hôtels de prestige. C’est justement l’un d’eux que Louis vient de saccager lors d’une fiesta débridée, se payant même le « luxe » de faire dévorer un pauvre wapiti par une panthère noire. Trop, c’est trop ! Les actionnaires du conglomérat hôtelier se rebiffent et menacent Jean-François de lui retirer la présidence car il ne possède pas la majorité absolue au Conseil d’Administration. Que faire pour calmer le remuant fiston ? Une thérapie de choc s’impose. Jean-François va recourir aux services d’un ami cinéaste tournant pour lui des films publicitaires. Il va proposer à Christian Parmentier, alias Chris Palmer pour la profession, de faire un film se déroulant à l’époque de Louis XIV, époque dans laquelle va se trouver propulsé, après une brève anesthésie, Louis en tant que valet de pisse d’un vieux vicomte. Son travail consiste donc à suivre le vieillard dans ses promenades, muni d’un saut afin de « récupérer » les besoins naturels de la noble personne. Il faudra un certain temps au jeune homme pour accepter cet incroyable saut en arrière dans le temps et dans sa condition sociale. Tout est mis en œuvre pour qu’aucun croisement avec la véritable temporalité qui le manipule ne soit visible. Tous les acteurs sont équipés d’oreillettes afin que le scénario se déroule à la perfection. Lequel a pour but de faire redescendre des cintres ce jeune oisif ignorant même le mot travail. Petit à petit Louis va appréhender de nouvelles valeurs et des relations sociales différentes de celles qui faisaient son quotidien. D’autant qu’il va croiser le regard d’une « palefrenière ». Leur attirance réciproque ne risque-t-elle pas de faire basculer le stratagème paternel ?
C’est une comédie, peut-être pas totalement maîtrisée faut-il reconnaitre, parfois un peu paresseuse par le peu d’engagement de stars venues visiblement cachetonner (Kad Merad, Isabelle Carré), mais portée par Audran Cattin, Louis impossible puis complétement lunaire face au saut temporel et finalement découvrant des valeurs qui vont changer sa vie. Sans oublier dans un numéro de démiurge/cinéaste volcanique s’exprimant la moitié du temps en anglais pour faire hollywoodien, un Clovis Cornillac irrésistible. En creux, un film sur le cinéma et le dédoublement de personnalité qu’il suppose qui, finalement, interpelle, sur le mode comique, plus qu’il n’y parait en première lecture.