Première des grandes saisons musicales toulousaines à être dévoilée, celle du vaisseau amiral de la culture en Occitanie nous ouvre à nouveau des horizons lyriques particulièrement prometteurs et excitants. C’est donc en présence de Francis Grass, Président de l‘Etablissement public du Capitole, de Christophe Ghristi, Directeur artistique, de Claire Roserot de Melin, Directrice générale de l’Etablissement public du Capitole et de Beate Vollack, Directrice de la danse, que s’est tenue cette conférence de presse tant attendue chaque année.
En préambule, Francis Grass souligne combien la maison Capitole se porte bien. Il souligne aussi la fierté de la Ville rose quant à son soutien au Théâtre du Capitole. Et de terminer en insistant sur la réussite de cette institution, une réussite qui n’a rien à voir avec le hasard mais plutôt à la multiplicité des talents qu’elle réunit. Il était difficile de mieux débuter cette réunion !
Intensité, résilience, pragmatisme et générosité
La parole est ensuite donnée à Christophe Ghristi. Il nous détaille l’ensemble de la programmation lyrique. Auparavant le Directeur artistique du Capitole nous fait remarquer que les œuvres choisies appartiennent à des moments charnières de la vie de leurs compositeurs. Christophe Ghristi tient également à souligner, au vu des nombreux et parfois récents ensembles musicaux indépendants qui participent à cette saison, que leur présence résulte d’un choix raisonné quant au soutien que doit leur accorder une institution responsable comme celle qu’il dirige. Et quand on lui demande de qualifier en peu de mots l’état de la maison Capitole, il n’hésite pas : intensité, résilience, pragmatisme et générosité.
Le programme 24/25 couvre exactement quatre siècles de création lyrique, quatre cents ans qui voient se succéder un nombre incroyable de styles et de genres ce qui, pour Christophe Ghristi, n’est pas un problème car le public du Capitole est aujourd’hui largement friand et gourmand de découvertes. On relève donc que 14 soirées, en incluant celles de ballet dirigées par … Jordi Savall, traversent les 17e et 18e siècles.
L’ouverture de saison se fait avec Nabucco, de Giuseppe Verdi, dans une nouvelle production en association avec l’Opéra de Lausanne. Sous la direction de Giacomo Sagripanti et dans une production de Stefano Poda, deux distributions vont rivaliser de talents. Dans le rôle-titre relevons le retour des barytons Gezym Myshketa et Aleksei Isaev. Deux belles promesses de frissons vocaux. Suit un « épisode » baroque : Didon et Enée d’Henry Purcell, avec la diva bulgare Sonya Yoncheva et, la semaine d’après, toujours en version concert, Alcina de Francesca Caccini portée par l’ensemble I Gemelli
L’incontestable événement de la saison : création mondiale de Voyage d’Automne
L’Opéra national du Capitole a passé commande d’un ouvrage lyrique au compositeur français né en 1974, Bruno Mantovani. Il s’agit d’une histoire véridique, celle retraçant le voyage en 1941 de cinq des plus grandes célébrités littéraires françaises de cette époque qui assistèrent au Congrès des écrivains de Weimar à l’initiative du Dr Goebbels et sur l’invitation de Gerhard Heller : Pierre Drieu La Rochelle, Ramon Fernandez, Robert Brasillach, Marcel Jouhandeau et Jacques Chardonne. Le livret de Dorian Astor s’inspire du livre, particulièrement documenté, de François Dufay. C’est bien sûr ici le thème de la collaboration qui est fléché. Un thème… explosif certainement. Dans tous les cas, un ouvrage lyrique important et déjà un véritable brûlot ! La fine fleur du chant masculin français est à l’affiche sous la direction de Pascal Rophé et dans une mise en scène de Marie Lambert-Le Bihan. Une date dans l’Histoire du Capitole, à n’en pas douter.
Suite de saison entre retours après de trop longues absences, entrée au répertoire et reprise
C’est avec l’Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach que s’ouvre l’année lyrique 2025 Place du Capitole, dans une mise en scène d’Olivier Py. Ici encore les artistes français sont à l’honneur. Et qui s’en plaindrait ! Un grand éclat de rire en perspective donc. L’entrée au répertoire du chef-d’œuvre de Georg Friedrich Haendel, Jules César, est, pour Christophe Ghristi, un impératif. On le comprend. C’est dans une mise en scène signée Damiano Michieletto, donnée à Rome en 2022, en coproduction notamment avec le Capitole, et sous la direction de Christophe Rousset, que Jules César revivra sur la scène capitoline ses amours tumultueuses avec la belle Cléopâtre. Suit la reprise de la toute récente production de Norma de Vincenzo Bellini, dans « presque » la même mise en scène d’Anne Delbée, celle-ci l’ayant, depuis 2019, sensiblement modifiée. Sous la direction, à vrai dire inattendue, d’Hervé Niquet, deux distributions vont se mesurer à cet Everest belcantiste. A souligner la présence dans le rôle-titre de Claudia Pavone qui fut au Capitole une magnifique Violetta en avril 2023, et le retour du ténor Luciano Ganci, celui-là même qui nous avait totalement renversés en février 2022 dans Le Villi de Giacomo Puccini à la Halle aux grains. Après trente années en mer, Le Vaisseau fantôme wagnérien revient mouiller sur les rives de la Garonne. C’est dans une nouvelle production signée Michel Fau que Frank Bermann dirige une distribution de prises de rôle dont le seul énoncé fait figure de raz de marée. Fin de saison avec une reprise du chef-d’œuvre de Francesco Cilea : Adrienne Lecouvreur. Absente de notre scène depuis la saison 87/88, la célèbre tragédienne française revient sous la direction de Gianpaolo Bisanti et dans une luxueuse production italienne signée Ivan Stefanutti.
Récitals, Midis et Concerts
Afin de garder le contact avec les membres de la « famille » capitoline qui, tous, pour différentes raisons, ne peuvent être à l’affiche d’ouvrages lyriques chaque saison, Christophe Ghristi nous les propose dans le cadre de récitals, de Midis du Capitole ou de concerts. Il en est ainsi de Stéphane Degout, Marina Rebeka, Krassimira Stoyanova (première au Capitole), Véronique Gens et Michael Volle (débuts également au Capitole). Les Midis du Capitole présentent Adèle Charvet, Samuel Hasselhorn, Rose Naggar-Tremblay, Airam Hernandez, Roberto Scandiuzzi et Les Lauréats Voix Nouvelles 2023.Parmi les concerts, outre la traditionnelle présence des Sacqueboutiers, retenons cette magnifique Missa Criolla avec Ramon Vargas.
La billetterie, pour les abonnements, ouvre le 5 avril 2024. C’est le moment de se précipiter !
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse