West Side Story : un Roméo et Juliette des temps modernes
Nous sommes plongés dans l’Upper West Side, un quartier de Manhattan à New York. Dans cet espace oublié, deux clans : les Jets et les Sharks. L’un est composé d’américains blancs natifs et l’autre de portoricains, ayant migré aux Etats-Unis. Une rivalité opère entre ces groupes où il semblerait que seules la violence et la haine soient acceptées. Pourtant Tony, ancien Jets et meilleur ami de leur chef Riff, tombe amoureux de Maria, la petite soeur de Bernardo, chef des Sharks. Le film retrace cette histoire d’amour, de haine et de violence : quelle bataille l’emportera ?
La musique fait office de langage
La scène d’ouverture de West Side Story nous plonge immédiatement dans l’atmosphère électrique et tendue de l’Upper West Side. Alors que les membres des Jets arpentent les rues, s’affichant avec arrogance et détermination, la musique accompagne leurs pas. Aucune parole à l’horizon mais le Prologue composé par le célèbre Leonard Bernstein suffit pour instaurer une tension dans l’air. Les faits et gestes des personnages incarnent chaque note de la partition musicale du film. Lorsque les Jets se traînent dans le square du quartier, la musique est un outil du langage cinématographique : le ballon qui atterrit par hasard dans les mains d’un des Jets est suivi par le son strident d’une trompette, venu de nulle part. Ou encore lors des bagarres entre les Sharks et les Jets dans les rues, la musique accélère, ralentit, reprend : elle se met au rythme de ce que l’on voit. C’est le génie de cette scène.
Le bal : une rencontre
Le célèbre « Mambo ! » hymne de défi pour les deux clans, bien décidés à ne pas danser ensembles mais plutôt à s’affronter est une des scènes clé du film. Les deux couples rivaux font tout pour que l’attention soient sur eux, les couleurs des robes et le morceau carnavalesque envahissent l’écran et le spectateur ne sait où regarder. Tout se passe vite, la scène est bruyante mais captivante. soudain, des deux extrémités du cadre Maria et Tony se voient pour la première fois. Tout s’arrête autour d’eux : la musique s’efface peu à peu, le reste devient flou à l’image laissant place aux deux amoureux. Le bal est un lieu de confrontation , mais reste d’abord un lieu de rencontre. Et celle de Tony et Maria rompt avec le bruit ainsi que la violence des corps qui chahutent dans tous les sens. La scène nous offre l’espace d’un instant un moment pure et beau en contraste avec la tension permanente du film.
La haine l’emporte
« Je peux tuer aussi car à présent j’ai de la haine »
West Side Story appartient au genre de la comédie musicale mais aussi à celui du drame. L’amour et la haine ne peuvent cohabiter éternellement et la phrase de Maria lors de la scène de fin le montre bien. Lorsque Tony s’effondre, abbattu par une balle de Chino, que Maria était censée épouser, celui-ci s’effondre et meurt sur le sol dans les bras de sa bien aimée. Autour d’elle, les deux clans baissent la tête : le silence pèse. C’est le résultat de la bêtise humaine enfermée dans les grilles de ce square, fatalité qui revient ou qui n’est jamais vraiment partie. Maria est au milieu des Jets et des Sharks ; seule innocente du film, elle connaît pour la première fois la haine. Les rôles s’inversent presque lorsque les deux clans décident de porter le corps de Tony après le discours poignant de Maria, écoeurée de ce qu’elle voit. Telle est l’histoire de l’Upper West Side.