Carole Fives publie Le jour et l’heure aux Editions JC Lattès. Le portrait d’une famille réunie pour la dernière fois.
L’action démarre illico. Un père, une mère et les quatre enfants roulent ensemble vers une même destination. Bâle, en Suisse. On comprend rapidement la raison de cette réunion et de ce voyage. La mère, très malade, veut mourir. Elle a choisi la mort volontaire assistée. En France, cela est interdit alors ils iront jusqu’en Suisse. Il faut définir le jour et l’heure. Une angoisse pour la mère qui a peur que sa dégénérescence soit soudaine. Si tel était le cas tout serait annulé. Il faut donc se décider, et vite. En parler avec le mari et les enfants. Et enfin partir.
Un huis clos émouvant
Chacun trouve étrange de se retrouver dans la voiture familiale. Comme lorsqu’ils étaient enfants et qu’ils partaient en vacances. Là, il s’agit de tout autre chose. Pourtant les quatre enfants ont décidé de soutenir la mère. D’accepter sa décision. Ils savent que sa maladie sera de plus en plus violente. Dans la fratrie, certains sont médecin, comme le père. Ils ont souvent été confrontés à la mort, mais une mère c’est différent.
A tour de rôle, Carole Fives leur donne la parole. Ils évoquent leurs peurs, leurs doutes, leur colère aussi. Cette fin de vie annoncée donne de l’éclairage à leur vie à eux. Ce qu’ils ont réussi ainsi que leurs ratés. Ce temps entre deux est peut-être une opportunité pour réfléchir et changer de cap. Trois jours donc pour contenir le passé, le présent et peut-être le futur. Trois jours pour recréer un clan uni et soudé face au départ.
Carole Fives se livre à un exercice totalement périlleux mais réussi. Le texte est dense, profond, émouvant et par certains endroits drôle et léger. En 120 pages, elle condense l’essentiel, une lutte pour que triomphe la vie.
Carole Fives, Le jour et l’heure, JC Lattès.