Barbie, un film de Greta Gerwig
Il fallait bien que ce jour arrive. Voici donc la poupée iconique envahissant la chambre des petites filles depuis 1959 passant du celluloïd à l’image réelle. Non pas pour une illustration à l’eau de rose, mais pour une véritable introspection qui tient de la psychanalyse du peuple de Barbie Land, introspection au fort goût de féminisme. Stupéfiant !
Inutile d’accrocher vos ceintures en partant à la découverte bien réelle de Barbie Land. Derechef vous entrez dans le monde des bisounours. Le seul sujet des Barbie est de se dire « hello ! » dès le matin forcément ensoleillé, puis d’attendre le soir pour faire la fête. Et c’est ainsi tous les jours que Mattel fait. Bien sûr il y a Ken et son machisme galopant ne courant pas assez vite cependant pour faire céder Barbie à ses avances. Nous le savons bien, dans ce monde il n’y a pas de sexe. Sauf que Ken… Mais voilà que Barbie quitte son pays pour se rendre dans le Vrai Monde, au grand désarroi de la société qui gère son image. Nous sommes ainsi embarqués dans un film dont l’esthétique saturée de rose cache à peine de multiples réflexions sur la place de la femme dans notre société, mais également dans le couple et plus généralement face au mâle dominant. Ce n’est pas rien vous en conviendrez et certainement inattendu dans ce film qui, aux USA, est déconseillé aux moins de… 13 ans ! Après un début totalement désopilant copiant sans scrupule la scène liminaire de 2001 Odyssée de l’espace, le film nous met dans les pas des habitants de Barbie Land. Nous les suivons avec une certaine empathie tant ils sont stéréotypés et englués dans une vie artificielle qui leur est imposée. Un seul semble jouer les fauteurs de trouble et même prendre une certaine autonomie sur « la chose » qui affole un peu tout ce petit monde, Barbie en tête. Jusqu’où cette montée de testostérone peut-elle aller ? Au-delà de la performance picturale que constitue ce film, à vrai dire assez bluffante, ce sont surtout les sous-textes qui sont intéressants. Vous ne manquerez pas de les déceler (pouvoir, droits civiques…). Margot Robbie est juste la Barbie idéale mais le Ken de Ryan Gosling lui ravit clairement la vedette. La réalisatrice ne pouvait pas envisager un autre acteur pour ce rôle éminemment casse-g….. ! Ryan Gosling en fait, on le sent bien, un être tourmenté, de chair et de sang. Il nous ressemble et du coup nous sommes à même de comprendre ses problèmes. D’autant que le film n’épargne pas spécialement la gent masculine.
Au final une comédie incroyable, merveilleusement mise en scène, que vous pouvez aller voir sans honte aucune.