Hawaii, un film de Mélissa Drigeard
Film choral, film de potes, cela ramène hélas inexorablement au trop célèbre Petits mouchoirs. Mélissa Drigeard allait-elle tomber dans ce panneau éculé ? Clairement non. Elle nous livre plutôt une gentille et mélancolique comédie portée par un scénario plutôt malin.
Le début de l’histoire est plus vrai que vrai. 13 janvier 2018, 8h07 du matin, la télévision d’Hawaii annonce le lancement d’un missile balistique nucléaire depuis la Corée du Nord, direction… Hawaii !. L’affolement est bien sûr et logiquement général. Le Gouverneur de l’ile recommande de se barricader. Il mettra trois quart d’heure avant de réaliser qu’il s’agit… d’une erreur. Mais pour ce groupe d’amis qui se retrouve tous les ans sur cette île pour faire la fête, le mal est fait. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, ils se seront envoyés dans la figure les pires horreurs, des mots/maux secrètement tus depuis des années et passés sous le tapis de l’amitié. Déjà l’entame est originale. Mais c’est la suite qui est encore plus intéressante car le scénario élabore la reconstruction d’une amitié mise à mal. Après avoir passé en revue tout ce qui tourne autour de la tromperie, du désir, du secret, de l’argent, de la réussite, de la jalousie et j’en passe, ladite reconstruction du petit groupe est un véritable travail d’Hercule. Il y a ceux qui ne démordent pas, ceux qui parlent d’un moment de sidération incontrôlable, ceux qui pardonnent derechef, ceux qui sont totalement paumés. En gros il y a … nous et notre désarroi dans des moments au cours desquels nos vies peuvent basculer.
Pour réaliser ce tour de force, Mélissa Drigeard a réuni… à la Réunion, et non pas à Hawaii, une poignée de comédiens totalement épatants. Il faut tous les citer : Bérénice Bejo, Elodie Bouchez, Emilie Caen, Eye Haïdara, Pierre Deladonchamps, Nicolas Duvauchelle, William Lebghil, Manu Payet et Thomas Scimeca. Chacun est un condensé original des multiples facettes de la comédie humaine.
Finalement jubilatoire !