Dans un mois tout pile, la 11e édition du Fifigrot débutera et célébrera les 30 ans de l’émission Groland, du 19 au 25 septembre. C’est une nouvelle fois son programmateur Maxime Lachaud qui vous guide, et vous éclaire pour faire vos choix parmi tous ces événements. Rendez-vous dans un mois, banzaï !
Comment l’équipe de programmation a-t-elle conçu cette 11e édition pour célébrer les 30 ans d’existence de l’émission Groland ?
D’une part, nous avons souhaité être à l’écoute des festivaliers frustrés devant tant de séances et de propositions. Nous avons ainsi réduit la quantité, – mais gardé la qualité ! -, il y a donc 40 % de films en moins que les autres années, et une grande partie a été regroupée dans un périmètre du centre-ville rendant les déplacements rapides et faciles. La sélection a été drastique. Et nous voulons que les séances s’apparentent le plus souvent possible à des événements, pas juste se limiter à une projection. Tout cela s’est fait sous le regard avisé et bienveillant de Benoît Delépine et bien sûr, une émission télé qui a 30 ans d’âge, ce n’est pas rien. Comme il le dit lui-même dans l’édito, ils n’ont plus qu’à détrôner Le Jour du Seigneur et Téléfoot !
Pour marquer le coup, il s’est notamment inspiré du film dadaïste Entr’acte de René Clair, où un chameau tire un corbillard. Cette fois-ci, le chameau tirera une Amphore géante. À travers les thématiques, on va aussi célébrer tout ce qui fait l’esprit grolandais : la révolte, l’absurde, l’humour décapant, la défense de toutes les marges et tous les modes d’expression cinématographique, des plus singuliers aux plus artistiques. Les films, les concerts, les rencontres, les performances et même les goodies vont donner à cette année une aura très particulière. On est impatient !
Après un dictateur, une grande Prêtresse, une souveraine inquisitrice, le Prophète Saint Bouli 1er viendra prêcher la bonne parole….
Oui, nos festivaliers le connaissent bien. On a souvent programmé ses films en tant que réalisateur ou acteur. Il est extraordinaire dans les deux domaines, et après des années, il a pu enfin se libérer pour être avec nous. Il aura une carte blanche dans laquelle il va passer un film qui l’a énormément marqué : Week-end ou la qualité de la vie. Cela va vraiment être l’occasion de mettre en avant le cinéma belge qu’on aime tant et qui porte en lui une quintessence de ce qu’est l’univers grolandais.
Quelles sont les autres grandes lignes filmiques ?
Comme chaque année il y a la compétition de longs-métrages et la compétition de courts-métrages.
- Carine : J’attire votre attention sur le court-métrage Dominique Personne de Camille Perrin, que j’ai vu et aimé. Rendez-vous au Pathé Wilson pour le voir !
Presque tous les films proposés sont des avant-premières ou des inédits, mis à part les Joyaux Grolandais, qui sont des films de patrimoine souvent restaurés que nous tenons à projeter car ils nous inscrivent aussi dans une certaine histoire du cinéma.
On retrouvera aussi nos sections habituelles que le public adore, avec Grol’Art et Gro’zical, des films sur l’art et la musique tous plus hallucinants les uns que les autres… Certaines projections seront accompagnées de concerts, comme pour le film la Grande Triple Alliance Internationale de l’Est, avec Noir Boy George et Marietta, ou de discussions/conférences, comme les 150 ans du collège de Pataphysique.
D’autres moments seront envisagés comme de purs moments de transe : les multiples ciné-concerts sur le film At Land de Maya Deren, les images et sons frénétiques de Peter Tscherkassky, le psychédélisme intestinal de De Humani Fabrica Corporis…
À cela, vous ajoutez une soirée Total Queer, que le public n’est pas prêt d’oublier, une mini-rétrospective du travail de l’auteur/réalisateur Christophe Bier, le spécialiste des « mauvais genres », des concours d’air guitar, des expositions sans tabous… Bref, c’est une édition réduite, mais en termes d’intensité, on ne fait pas dans la demie mesure !
Un mot sur les invités : les fidèles, et les nouveaux venus…
L’équipe du festival a elle-même pas mal changé donc cela apporte des nouvelles énergies, de nouvelles approches… Pour ce qui est des invités, des cinéastes qu’on aime beaucoup vont revenir, notamment Yann Gonzalez qui présentera dans un seul programme les fabuleux films qu’il a faits pour des artistes musicaux. Ce sera une première et c’est toute la poésie des années VHS, avec l’humour et la sensibilité qu’on apprécie chez lui.
Sébastien Marnier viendra nous présenter son nouveau film L’Origine du mal, en écho à la carte blanche qu’il avait eue il y a quelques années. Doria Tillier, à l’affiche de ce film, sera parmi nous pour la soirée d’ouverture puisqu’elle est aussi au casting de Fumer fait tousser de Quentin Dupieux.
Nous pourrons aussi présenter en avant-première les extraordinaires nouveaux films de très grands cinéastes : Jerzy Skolimowski, Ulrich Seidl, Ruben Östlund… On ne sort pas indemne de ce genre d’expériences. Ils sont prodigieux.
Aussi, nous aurons Doully, la célèbre animatrice grolandaise, qui viendra présenter son dernier spectacle.
Et l’incroyable comédienne norvégienne Kristine Kujath Thorp, présente avec deux films où elle est bluffante, Sick of myself et Ninjababy.
Ce dont tu es le plus fier sur cette édition ?
C’est toujours un exploit d’arriver à boucler la programmation deux mois avant les dates officielles du festival et d’obtenir des films aussi excitants que ce que l’on va proposer. Je ne sais pas si « fier » est le bon terme, mais je trouve ça formidable qu’il existe encore des espaces pour défendre tous les types de cinéma. Ce sera une édition un peu particulière aussi car nous avons perdu récemment Olivier Brulais, notre projectionniste, qui s’occupait aussi des courts-métrages et de la régie des copies. C’était un vrai bonheur de travailler avec lui et nous allons lui rendre hommage, avec sûrement un peu de nostalgie. Forcément, un festival c’est ça avant tout, de l’humain, des rencontres, des échanges, des découvertes… Arriver à rassembler ces énergies, c’est beau non ?
Toute la programmation est consultable et feuilletable sur le lien en dessous, et sur le site fifigrot.com . Banzaï !