Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Certains l’aiment chaud de Billy Wilder
Dans le cadre de la sixième édition de la programmation « Les films qu’il faut avoir vus », la Cinémathèque de Toulouse projette ce vendredi 9 septembre à 21h Certains l’aiment chaud de Billy Wilder. Séance de rattrapage le samedi 24 à 21h.
Après Sept ans de réflexion, Billy Wilder retrouvait en 1959 Marilyn Monroe pour un rôle aussi marquant que le précédent. A la jupe de l’actrice soulevée par le souffle s’échappant d’une bouche de métro répondra, dans le registre des scènes mémorables, son interprétation du standard I Wanna Be Loved by You. Dans cette comédie en noir et blanc, Jack Lemmon – dont il s’agit de la première collaboration avec Wilder qui en fera son comédien de prédilection à travers six autres longs métrages – et Tony Curtis campent des musiciens fauchés qui courent après les contrats dans le Chicago de la prohibition. Témoins malgré eux d’un règlement de comptes sanglant entre malfrats, Joe (Curtis) et Jerry (Lemmon) prennent la direction de Miami, afin d’échapper aux tueurs de la pègre, en se faisant engager dans un orchestre… féminin. Les deux hommes deviennent ainsi Joséphine et Daphné et vont devoir tempérer leur virilité face à cette troupe de femmes délurées au sein desquelles Sugar Kane brille d’un éclat particulier.
Le sexe, l’argent, le travestissement, les obsessions et frustrations du mâle américain : Certains l’aiment chaud réunit les thèmes de prédilection du cinéaste et de son fidèle scénariste I.A.L. Diamond. Le personnage interprété par Marilyn Monroe veut se marier avec un millionnaire (nouveau rôle de composition que va endosser Joe délaissant l’identité de Joséphine pour séduire la jeune femme) tandis que Jerry va peu à peu se résoudre à l’idée d’épouser un authentique millionnaire tombé sous le charme de Daphné…
« Personne n’est parfait »
Longtemps, le Billy Wilder réalisateur de comédies (il fut aussi un maître du film noir ou du mélodrame) fut taxé de misogynie, de cynisme ou de vulgarité. C’est plus sûrement un pessimisme foncier qui animait sa vision de la nature humaine et qui fit quitter, à cet homme issu d’une famille juive autrichienne, dès 1933 l’Allemagne où il s’était installé. Un pressentiment visionnaire de la mauvaise tournure qu’allaient prendre les choses et qu’il résuma plus tard par une formule typique de son humour cinglant : « Les optimistes ont fini à Auschwitz. »
Pour autant, Certains l’aiment chaud n’offre guère de prise à la mélancolie. Les scènes s’enchaînent sur un tempo de jazz, les répliques sont pleines de sous-entendus, le théâtre de boulevard croise la commedia dell’arte. Wilder connaît ses classiques, fait des clins d’œil au film noir, notamment en offrant à George Raft, l’interprète du Scarface de Howard Hawks, le rôle d’un gangster en chef. Il ne boude pas non plus l’absurde et le non-sens. A l’image de la scène finale au cours de laquelle Jerry / Daphné tente d’expliquer à son prétendant millionnaire qui veut l’épouser qu’une telle union n’est pas possible. A bout d’arguments, il avoue enfin qu’il est un homme en se débarrassant de sa perruque. « Personne n’est parfait », rétorque l’autre sans se démonter. Cette indulgence mêlée de sagesse était aussi celle de Billy Wilder.
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