Musiques, arts, initiatives et créations, la rédaction de Culture 31 poursuit le rendez-vous qui vous emmène à la découverte des talents toulousains. Enfant du sud-ouest aux créations musicales colorées, c’est HYL qui est placé en lumière cette semaine.
HYL, c’est vingt ans de passion pour l’écriture et la musique hip-hop. Après quelques succès freestyles entre 2017 et 2018, c’est en avril 2019 que l’aventure de ce gamin du rap se lance. L’artiste sort vainqueur du concours Nougaro (événement local qui a notamment propulsé le duo Bigflo et Oli) dévoilant un univers triptyque, en incarnant trois personnages sur scène. À compter de cet instant, HYL enchaîne les victoires dans les concours découvertes entre Toulouse et Paris.
Mais voilà, après ces scènes et mise en avant soudaines, la pandémie vient entraver des projets en plein vol, ralentit la découverte de sa première mixtape Ponctuation parue le 4 septembre 2020. Les retours sont mitigés, l’enfermement n’est pas évident à traverser. Pourtant, en après-coup, cet isolement se transforme en créativité. La direction artistique se repense, des projets fleurissement, l’épanouissement se profile à nouveau. Nous sommes en mars 2022, les salles rouvrent petit à petit, et HYL n’a qu’une hâte, faire découvrir son évolution. Pour parler du vécu de ce nouveau virage, des projets à venir, la rédaction le rencontre chez lui, à Plaisance du Touch.
L’évolution artistique, le besoin de remercier sa ville, une interview rencontre et découverte.
HYL : “je me sens plus épanoui que jamais !”
Pour commencer cette interview découverte dans ce contexte d’après-crise, avant tout, comment as-tu vécu cette période ?
Ce n’était pas évident. Au début, comme beaucoup, je ne me suis pas trop inquiété, on ne savait pas où ça allait nous mener. Puis, quand les confinements se sont enchainés, le moral a vite changé. J’ai vécu le premier avec des amis, le second seul. Même si j’ai essayé de tuer le temps avec la création de contenus freestyle, la sensation de rater des événements (concerts, défendre Ponctuation sur scène, rencontrer le public…), étaient très pesante. Cette solitude a aussi été l’occasion de repenser mon univers, ce n’était pas toujours évident à voir en face. Mais aujourd’hui, j’en retire le meilleur, cette période m’a permis de prendre du temps pour de l’introspection et la modification de ma direction artistique. Grâce à elle, je suis fier de ce qui va sortir.
En effet, nos lecteurs ne le savent peut-être pas, mais l’univers d’HYL s’est construit autour de trois personnages, que tu incarnais de manière théâtrale sur scène. Aujourd’hui, ils s’éclipsent. Peux-tu nous en dire plus sur les raisons de cette transition et sa construction ?
Bien sûr.
Le souci de mes personnages qui est le plus remonté, et que je ressentais également, c’était la pression et le flou des prestations. Tout était trop dense. Incarner trois personnes sur scène c’était lessivant, parfois dur à comprendre pour le public. Cependant, il y avait un vrai concept que je voulais garder, ce côté polyvalent, reflet de toute ma personnalité artistique. Alors en octobre dernier, avec mes proches et surtout mon graphiste, partenaire et ami, @nopants_man, on a repensé toute la direction artistique.
Comment quitter les personnages sans décevoir le public ? Comment m’épanouir vocalement tout en gardant ma pâte ? On a pensé à toutes ces questions. Alors, une phrase que l’on m’avait attribuée m’est revenue, “On dirait que tu es un enfant bloqué dans un corps trop grand pour lui”. En y repensant, ça a sonné comme une évidence. Il fallait redessiner la D.A autour de cette ambivalence. Désormais nous voilà, une seule âme sur scène, HYL. Un ensemble de symboles sur cette transition entre l’enfance et le monde adulte, entre le rêve et le désenchantement. Vocalement, c’est plus simple, je me sens plus épanoui que jamais !
Beaucoup de créativité donc pendant ce confinement, la curiosité nous pique, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce “nouveau” HYL ?
Avant tout je dirai que cette nouvelle formule, on l’assume à fond. On essaye plus de correspondre à des codes, des carcans… On propose une passerelle entre le rap et d’autres univers, pop,chanté, électro… Beaucoup d’artistes l’assument de plus en plus (je pense par exemples à l’ODC, Orelsan, Gaël Faye), et je trouve que c’est élargir les fondements de l’écriture rap à d’autres publics, c’es trop bien ! Je fais ce que je kiffe avant tout, là où avant, j’essayais peut-être de rentrer dans une case.
Puis, deuxièmement, je pense que la différence la plus notable dans la transition, c’est la qualité du rendu. Je ne veux pas dire qu’avant ce n’était pas bon, je ne renie rien au contraire, tout le monde m’a connu avec cette formule, j’en suis fier. Mais dans ce qui arrive, on explore beaucoup plus de mélodies, dans les textes je ne me cache plus derrière un personnage. Le rendu est plus simple, sincère, ça s’entend je crois. Je me suis entouré des meilleurs aussi, je pense à LEOS (Maxence, Bigflo-Oli) notamment, on a fait un travail d’orfèvre. Le rendu sonore à glow-up, on s’est amusé à fond !
Quant au reste, je le dévoilerai plus tard…
Toulouse, ta ville de cœur, artistiquement, comment est-elle ?
Ah Toulouse… Avant tout pour moi, c’est la ville de mes premières scènes, des rencontres fortes. Artistiquement, je trouve que la ville est d’une bienveillance folle. Je suis souvent entre Paris et Toulouse, mais ici, le public est une grande famille, je ne retrouve pas ça ailleurs. Je sais que ce n’est pas l’avis de tous les artistes du coin, mais j’ai cette sensation qu’on se tire vers le haut, je ressens moins de tensions qu’à la capitale.
Enfin, les artistes locaux sont en pleine émergence ça fait plaisir à voir. Je pense à Marie Amali, Lombre…
On peut être fier de notre Toulouse.
Je me mets à la place d’un jeune artiste local, qui comme toi il y a peu, rêve de franchir des paliers, de monter sur scène, que me conseilles-tu pour démarrer à Toulouse ?
S’entraîner, rapper, chanter, écrire, et surtout, oser. La ville fourmille de scènes ouvertes et d’open mic aux bonnes ambiances. C’est stressant au début, mais le meilleur outil pour débuter. Nos meilleures salles pour ça, ce sont Le Bijoux, Le Connexion, Le Chorus, L’Escale… Il faut simplement aller à la rencontre des gens du milieu, c’est comme dans tous les domaines, débattre, s’inspirer, sauter le pas. Mais en musique tout particulièrement, il faut de l’acharnement, et ne pas s’attendre à des retombées immédiates. La meilleure paye est toujours humaine.
Maintenant, si on veut suivre ton aventure, où clique-t-on ?
Mon Instagram, j’y annonce toutes mes actualités.
La prochaine date à ne pas manquer, c’est le 9 JUIN à l’écluse saint-pierre, concert à Toulouse, bonne ambiance et plein de surprises ! J’ai hâte de plus en dire…
HYL sa playlist du moment :