La Pause Musicale reprend ses quartiers d’hiver, dans la douceur de l’automne, à la Salle du Sénéchal aux chaudes couleurs de briques et de bois.
Et si le bon Joël Saurin a choisi L’orchestre de Chambre d’Hôte pour ouvrir cette nouvelle saison de concerts gratuits, ce n’est surtout pas par hasard.
En effet, pour enthousiasmer le public fidèle des rendez-vous du jeudi à midi trente, que rêver de mieux : du blues, du classique, du jazz et de la bossa-nova, toutes ces belles effluves brassées par des musiciens heureux sous la « baguette », (la guitare en fait), du grand Jean-Paul Raffit !
Guitariste classique et électrique, compositeur et improvisateur, Jean-Paul Raffit a collaboré avec Bernardo Sandoval, Eric Lareine, Abdu Salim entre autres. Sa route a également croisé le temps d’une ou de plusieurs créations celle d’Alain Moglia (Orchestre de chambre de Toulouse), de Denis Badault, de Kiko Ruiz, et de bien d’autres. Il a composé la plupart des « blues amérindiens » du concert poétique « Peaux-rouges, Fils de la Terre » de la Compagnie du Rêveur casqué, créé à la regrettée Maison des Racines du Monde de Toulouse, la Mounède. Il s’est produit au Festival de Montréal, de Lausanne, à la Cartoucherie de Vincennes, au Théâtre Antoine Vitez à Ivry, au Zénith de Bercy, au Café de la Danse et au Divan du monde à Paris etc. en Allemagne, en Grèce, en Suisse, au Canada etc. Il a enregistré sous son nom « Graffiti » et on peut l’entendre sur les disques de Bernardo Sandoval « Caracola » et « Vida », et d’Eric Lareine « J’exagère ». Ainsi que son duo avec Frédéric Lakourt au saxophone. Il crée par ailleurs des musiques pour ciné-concert (Pavillon noir d’Aix en Provence, Cinémathèque de la cité de l’architecture de Paris, les rencontres des transhumances d’Europe…). En plus de ce travail de compositeur et musicien, Jean-Paul Raffit est diplômé d’état des musiques actuelles, et il gère les ateliers orchestre de la formation professionnelle de l’Ecole des Musiques vivaces de Toulouse : Music’Halle.
Autour de Jean-Paul Raffit, on trouve dans cet orchestre au nom improbable, Frédérik Lacourt au saxophone, Isabelle Bagur à la flûte traversière, Olivier Capelle au chant et récit, Blandine Boyer au violoncelle et Joël Trolonge à la contrebasse.
Je n’oublie pas le violoniste Malik Richeux, dont on apprécie le passage à Toulouse car il se fait rare dans la région où il occupait depuis une dizaine d’années une place singulière sur la scène musicale, lors les belles années de Latcho Drom et de la Tyrannie des Solistes, par exemple. On le retrouvait sur scène dans de nombreuses formations aux accents divers : Antonio «Kiko» Ruiz, Peïo Serbielle, Equidad Barès et Serge Lopez, Catherine Vaniscotte, Didier Dulieu. Il a enregistré également avec Bernardo Sandoval (Western, La Fille de Keltoum), Hervé Suhubiette, Bernard Joyet et le groupe Dézoriental (Terra Incognita). Son intérêt pour le texte et le spectacle vivant l’a amené à composer et interpréter des musiques pour le théâtre et la danse (Théâtre Nationale de Toulouse, Théâtre de la Commune d’Aubervilliers…). Mais surtout on s’est réjoui de ses aventures aux côtés de l’Emigrante, Nadine Rossello, et de sa participation à l’Hommage à Léo Ferré, Grazie mille, Léo, au TNT le février 2008.
« L’orchestre de chambre d’hôte est né au fil des ans et des rencontres, sa force a précédé son existence. » C’est ce que Jean-Paul Raffit aime dire de la naissance de cette formation qui établit un rapport de bon voisinage entre les instruments et les genres musicaux. L’orchestre de chambre d’hôte c’est
Une troupe avec des liens et des liants;
Des cordes, de la voix, du vent.
Une lumière bleue sur une pierre grise.
L’essence du baroque et la trace du roc ;
Une orange sur un lapiaz.
De la place au féminin,
Du lyrisme et du blues,
Du bon air et le parfum d’une danse.
Les images dans les eaux du lac.
Une cour des miracles parce qu’il y en a besoin.
Le fil conducteur, très original, c’est la visite de grottes préhistoriques, nombreuses en Ariège, un pot pourri de visites guidées, de récits ethnologiques, préhistoriques, spéléologiques…un sorte de voyage au centre de la terre, quelque peu déroutant dans la forme narrative. Heureusement, la voix chantée de haute-contre est aérienne.
Au final : une peuplade de sept solistes lumineux sculptent des sons denses et fragiles, improvisent, nous emportent en douceur.
Et Jean-Paul Raffit offre avec ce projet, des mélodies d’aujourd’hui teintées de sentiments poétiques inspirés par la beauté des paysages du Couserans et de l’humanité des gens qui y vivent.
Ses compositions très éthérées, limpides, lumineuses, nous entrainent loin des gouffres obscurs et humides, comme des montgolfières multicolores s’élevant au-dessus du fleuve du temps.
Cette Chambre d’Hôte est recommandée 3 étoiles au guide des musiques à déguster sans modération.
E. Fabre-Maigné
11-10-2012
Jean-Paul Raffit
www.myspace.com/jeanpaulraffit
Malik Richeux
LA PAUSE MUSICALE
Concerts gratuits
Tous les jeudis de 12h30 à 13h 30
Salle du Sénéchal
17, rue de Rémusat – M Jeanne d’Arc ou Capitole
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