Les tristes événements sanitaires que nous avons vécus ont entraîné de multiples annulations, de nombreux reports de tous les concerts et notamment de ceux de la saison2020-2021 des Arts Renaissants. Dans l’espoir que la situation s’améliore, la saison 2021-2022 est l’occasion de reprogrammer le concert qui devait réunir l‘ensemble vocal Vox Luminis associé aux cordes du Café Zimmermann et aux cuivres anciens des Sacqueboutiers. Vox Luminis ayant dû annuler sa participation, c’est le célèbre ensemble Clément Janequin qui assurera la partie vocale de ce programme prévu pour le mardi 14 décembre en la Basilique Notre-Dame La Daurade.
Les trois grands ensembles de musique ancienne exceptionnellement réunis ce soir-là ont imaginé un programme festif particulièrement en situation et intitulé « Magnificat ».
S’il est une sonorité vocale reconnaissable entre mille, c’est bien celle de l’ensemble vocal Clément Janequin créé en 1978 à Paris. Le timbre unique de leur directeur musical, le contre-ténor Dominique Visse, sonne comme une signature indélébile. Néanmoins, la sonorité ne constitue pas le seul élément identitaire de l’ensemble. La cohésion rythmique, la précision d’une diction habilement reconstituée, l’infinie justesse de ces voix mêlées nourrissent la vitalité unique de ses interprétations. Les « Janequin » savent s’approprier les œuvres qu’ils chantent tout en les respectant.
Créé en 1999, Café Zimmermann se situe dans les premiers rangs du concert baroque en France et en Europe. Sous la direction artistique du violoniste Pablo Valetti et de la claveciniste Céline Frisch, l’ensemble réunit des solistes qui s’attachent à faire revivre l’émulation artistique portée par l’établissement de Gottfried Zimmermann dans la Leipzig du XVIIIe siècle, établissement que fréquentait assidument un certain Johann Sebastian Bach.
Depuis leur fondation en 1976, Les Sacqueboutiers se consacrent à la redécouverte de la pratique des cuivres anciens et du vaste répertoire de la Renaissance, âge d’or de leurs instruments. Ils se sont imposés comme l’une des formations de musique ancienne les plus imaginatives. La recherche de l’excellence musicale reste le moteur essentiel de leur travail. Sélectionnés comme Ensemble de l’année aux Victoires de la Musique Classique 2008, ils collaborent avec les ensembles les plus prestigieux.
Le programme musical qui réunit ces trois ensembles s’appuie sur deux grandes pièces sacrées, le Magnificat SWV 468, dit « Manuscrit d’Uppsala », composé en 1665 par Heinrich Schütz (1585-1672), et le « Magnificat anima mea » de Johann Rosenmüller (1617/19–1684). A ces pièces sacrées seront associées deux des douze Sonates « Tam Aris quam Aulis servientes » (les numéros IX et XII) de Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704), ainsi que la Canzon « Super – O Nachbar Roland » de Samuel Scheidt (1587-1654). Quelques œuvres de la dynastie Bach seront également jouées. Il s’agit de « Ehre sei Gott in der Höhe » de Johann Michael Bach et de « Lieber Herr Gott, wecke uns auf » de Johann Christoph Bach. Ces deux frères sont les fils de Heinrich Bach, le grand-oncle de Johann Sebastian.
Le retour tant espéré vers la musique vivante ne pouvait trouver meilleur programme et meilleurs acteurs pour le défendre.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse