On le croyait perdu dans de vaines coproductions internationales : Fatih Akin effectue un brillant retour avec un film très classique et tout simple : « Une enfance allemande. Ile d’Amrum, 1945 ».

Le formidable Jasper Billerbeck dans « Une enfance allemande ». Photo Bombero/Rialto
Nous avions tant aimé Fatih Akin quand il racontait le quotidien aussi âpre que drôle de la communauté turque en Allemagne. Cela remonte à une vingtaine d’années déjà avec des films percutants comme « Head on » et « De l’autre côté », sans oublier l’inénarrable « Soul kitchen », son plus grand succès, en 2009. Et puis, plus grand-chose : le réalisateur s’est laissé embarquer dans des coproductions internationales qui ont fait « pschitt ». Qui se souvient encore de « The cut », avec Tahar Rahim (2014) ou de l’effroyable « In the fade », avec Diane Kruger (2017). Autant dire qu’on n’attendait pas grand-chose du petit dernier, « Une enfance allemande », chronique aux airs de déjà-vu d’un gamin confronté aux temps de guerre. Et pourtant, ce film bien écrit, merveilleusement joué, admirablement mis en scène est une formidable surprise. Comme l’indique le sous-titre, l’histoire se déroule sur l’île d’Amrum, dans la mer du Nord, en 1945. Venu de Hambourg, Nanning, un garçon de 12 ans, s’est réfugié là, dans la résidence secondaire de la famille, avec sa mère, hitlérienne fanatique, sa tante, beaucoup plus au fait de la débâcle nazie, et son petit frère. Le père, officier, est au front. Les temps sont durs. Après l’école, les enfants aident une paysanne du coin pour obtenir du lait et quelques légumes. Œuvrant pour la patrie, la mère accouche d’un nouveau bébé. Déprimée, elle refuse de manger sauf si on lui trouve du pain blanc, du beurre et du miel ; trois denrées très rares. Nanning va s’y employer, bravant bien des dangers…
Tendresse et détermination
Fatih Akin suit de près son petit héros qui respire la tendresse et la détermination. Par son seul regard, le tout jeune comédien Jasper Billerbeck exprime bien des choses. A la manière d’un Truffaut, le réalisateur est un remarquable directeur d’acteur. Et c’est valable pour tous les rôles, quelle que soit la génération. La réussite du film tient aussi à la manière de filmer la nature, source de vie mais aussi de dangers. On ressent sa puissance, sa force vitale, on admire sa beauté (superbe photo de Karl Walter Lindenlaub).
Cette « Enfance allemande » nous va droit au cœur.
« Une enfance allemande. Ile d’Amrum, 1945 », de Fatih Akin, actuellement au cinéma.

