Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Cris et chuchotements d’Ingmar Bergman
Fin du XIXème siècle dans un manoir en Suède, une femme, Agnès, agonise. Entourée de ses sœurs, Karin et Maria, venues l’assister, la malade est surtout épaulée par Anna, la jeune et dévouée femme de chambre qui a perdu sa fille. Le médecin de famille est de la partie. Des souvenirs remontent. Secrets, phobies, rancœurs accompagnent ce ballet mortuaire. Sorti en 1972, Cris et chuchotements est l’un des films les plus célèbres d’Ingmar Bergman qui réunit ici trois de ses actrices fétiches – Harriet Andersson, Liv Ullmann et Ingrid Thulin – dans un quasi huis-clos aussi étouffant qu’éprouvant.

Plans fixes (notamment sur une horloge) et absence de dialogues (les premiers interviennent au bout de la dixième minute) : dès le début, le ton est donné. On n’est pas là pour s’amuser. La lenteur majestueuse orchestrée par le maître suédois distille un ennui de plomb. Des voix intérieures accompagnent des plans composés comme des tableaux. La couleur rouge occupe l’écran. On comprend vite la référence au sang.
Famille, je vous hais
Cris et chuchotements nous parle de la mort, des regrets, des vies gâchées. Le corps d’Agnès est le réceptacle d’une douleur irradiant ceux qui l’entourent. L’automutilation est une option. Des épisodes de la vie des différents personnages surgissent du passé. Sans surprise, il est aussi question d’adultère. Comme le titre l’annonce, des cris sont au rendez-vous. L’hystérie réveille un peu le spectateur. Des dialogues sentencieux parsèment ces quatre-vingt-dix minutes qui semblent durer trois heures.

Devant la caméra de Bergman, la famille est un enfer pavé d’hypocrisies, d’interdits, de haines recuites. Un pasteur apparaît. Evidemment, il est ridicule. Rien de nouveau sous le soleil. La noble servante sauve l’honneur. Il n’est pas interdit de voir là un hommage aux classes laborieuses. Bach et Chopin apportent un côté chic à cette pièce de théâtre filmée. Cris et chuchotements est considéré comme l’une des œuvres majeures de l’auteur des Fraises sauvages et du Septième Sceau. A voir donc, malgré tout.
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