Présenté au Festival de Cannes hors compétition, « Connemara » est la fidèle adaptation du roman de Nicolas Mathieu par Alex Lutz. Une cadre sup revient à Epinal, sa ville d’origine, 20 ans après l’avoir quittée. Elle a subi un burn-out à Paris et aspire à un peu de sérénité. Les retrouvailles avec un copain de jeunesse vont bouleverser sa vie.

Merveilleuse Mélanie Thierry. Photo Jean-François Hamard/StudioCanal
Que les fans de Michel Sardou se rassurent : « Les lacs du Connemara » figurent bien dans la bande originale de « Connemara », le film. Et ce n’est rien trahir de l’intrigue que de préciser qu’ils devront attendre la fin du long métrage pour entendre la fameuse chanson beuglée par les invités d’un mariage.
Que les fans de « Stars 80 » se réjouissent – et tous les Toulousains avec eux : « Macumba », de Jean-Pierre Mader, figure également au générique, illustrant logiquement une soirée en discothèque.
Que les fans de Nicolas Mathieu se félicitent : l’adaptation d’Alex Lutz, dont c’est le sixième film comme réalisateur, est très fidèle au roman publié en 2022 par le chouchou des lettres françaises, rendu célèbre par « Leurs enfants après eux », prix Goncourt 2018. A savoir au plus près de la vie flottante d’une quadragénaire dépressive (merveilleuse Mélanie Thierry) retrouvant la flamme de l’amour dans les bras d’un hockeyeur qu’elle a connu dans sa jeunesse (Bastien Bouillon, un des sourires les plus craquants du cinéma français).
Terrible handicap
Pour le reste, « Connemara » part avec un terrible handicap, à savoir arriver sur les écrans après « Partir un jour », d’Amélie Bonnin, film d’ouverture du Festival de Cannes, sorti en mai dernier, et qui raconte peu ou prou la même histoire, qui plus est avec le même acteur principal. On ne fera pas de procès d’intention à la réalisatrice qui tenait à raconter l’histoire d’une transfuge de classe dès son court-métrage, diffusé en 2023, ayant inspiré le long. On trouvera cependant étrange que plusieurs scènes (conflits parents-enfants, soirées apéro entre mecs, choix difficile entre l’amour confort et une nouvelle passion dévorante, glissades à la patinoire…) se ressemblent fortement. Pour autant, Amélie Bonnin et Alex Lutz ont choisi deux approches très différentes : la première optant pour une comédie romantique – et parfois musicale – sympathique, le second pour un drame étouffant dont il sait faire ressentir chaque soubresaut par une mise en scène impressionniste, presque tremblée, proche du malaise que vit intérieurement son héroïne.
Reste un autre point commun peu glorieux des deux films : le massacre, version karaoké, de classiques de la chanson française – de Sardou, Dalida ou Joe Dassin – qui méritaient mieux qu’une utilisation à des fins caricaturalement sociétales. On aimerait connaître l’avis du premier à ce sujet ; pour les deux autres, c’est trop tard.
« Connemara », d’Alex Lutz, au cinéma le 10 septembre.
« Partir un jour »
En DVD et Blu-ray le 17 septembre 2025
De Amélie Bonnin
Avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin, Tewfik Jallab, Dominique Blanc…
Alors que Cécile s’apprête à réaliser son rêve, ouvrir son propre restaurant gastronomique, elle doit rentrer dans le village de son enfance à la suite de l’infarctus de son père. Loin de l’agitation parisienne, elle recroise son amour de jeunesse. Ses souvenirs ressurgissent et ses certitudes vacillent…
Adaptation de son court-métrage éponyme primé aux Césars, Partir un jour confirme le talent de sa réalisatrice Amélie Bonnin. Sur fond de Dalida ou des 2Be3, elle signe un film exaltant, aussi drôle que poignant, porté par un duo au charme contagieux (Juliette Armanet et Bastien Bouillon). Une bombe qui a ouvert le Festival de Cannes 2025, fait inédit pour un premier long-métrage !