Entre introspection, instinct et perfectionnisme, Yao revendique une musique aussi naturelle que viscérale. D’abord auditeur passionné de rap, il en devient un artisan engagé, au fil d’un parcours forgé par l’écoute, l’écriture, et la scène. Culture 31 a rencontré ce jeune artiste toulousain, à l’occasion de la sortie de son deuxième album Au bout d’un souffle.

L’artiste Yao, sur la couverture du projet « Au bout d’un Souffle » – Photo : Mael Chery
Culture 31 : La musique fait pleinement partie de ta vie, est ce que ça à toujours été le cas ?
Yao : Comme beaucoup d’artistes en effet. Ma mère était chanteuse et guitariste, les moments de silence dans la maison se faisaient donc assez rares. J’ai grandi dans une ambiance et une atmosphère rythmée par la musique, aujourd’hui, je me rends compte que de ce fait ça aurait été assez complexe d’échapper à la conception de morceaux. J’ai toujours écouté des styles assez variés et essayé de maintenir cette ouverture d’esprit sur la musique que j’écoute. Mais j’avoue que le rap m’a naturellement séduit sur pas mal d’aspect, plus que les autres genres musicaux qui pénétrait mes oreilles quand j’étais plus jeune.
Qu’est ce qui t’as particulièrement plu dans le rap en tant qu’auditeur ?
Sincèrement, je considère cet intérêt et amour pour le rap très naturel, comme si c’était une suite logique des choses. L’aspect phénomène de mode doit légèrement jouer, mais au-delà de ça, je dirais que l’aspect multi- syllabique rythmé, le potentiel des textes énormes et les messages que l’on peut faire passer. Mon grand frère m’a rapidement fait découvrir le style quand j’avais 11 ans, avec des groupes comme 1995, l’entourage ou même la Section d’assaut. Ça m’a de suite plu, même quand je comprenais un quart de tout ce qui était dit dans leurs textes. Des artistes comme Kendrick Lamar ont joué dans la séduction que le rap m’a apportée, au niveau du côté technique, des textes revendicateurs et des différentes interprétations que l’on peut avoir vis à vis de ces derniers.
Qu’est ce qui t’as fait passer d’auditeur fan de rap à artiste et producteur ?
Tout a commencé dans les soirées que je faisais quand j’avais entre 14 et 15 ans. On appréciait de plus en plus avec mon groupe le fait d’improviser sur une instrumentale au hasard. C’était assez vide de sens, mais on m’a par la suite dit que c’était sympa ce que j’arrivais à poser. Malgré ça, je ne me sentais absolument pas légitime d’écrire un texte, même à mon échelle. J’ai fini par passer le cap et commencé à écrire, puis de fil en aiguille en continuant de pratiquer, j’ai rencontré des gens avec la même histoire et le même intérêt que moi. J’ai découvert des événements comme des open mic qui m’ont vraiment aidé à me prendre au sérieux. J’ai ensuite commencé à poster quelques sons sur soundcloud, que je considère cool, mais que je ne perçois pas d’une manière très confessionnelle. En mai 2024 j’ai sorti mon premier projet « Horlogerie Suisse » sur toutes les plateformes, accompagnés de quelque singles avant et après. Puis tout récemment, j’ai sorti mon dernier album « Au bout d’un souffle », un an après le précédent.
Quels mots tu mettrais sur ta musique, son style et les thématiques qu’elle aborde ?
Je la qualifierais très globalement par quelque chose de très instinctif. Le feeling est le maître-mot de ma méthode, ce qui n’empêche pas une réelle volonté du travail bien fait. Même si la création de ma musique se fait d’une façon naturelle et spontanée, je fais le maximum pour travailler mes lacunes et faire en sorte qu’elles disparaissent au fur et à mesure. Je priorise la satisfaction personnelle avant tout, je trouve que le sentiment d’être satisfait d’une maquette ou d’un projet final n’a pas de prix, et que c’est le plus important. Évidemment, j’ai quand même un objectif de parler aux gens et de plaire à certaines personnes, mais je passe avant tout comme je reste celui qui produit. Ma méthode est assez cohérente avec les thématiques que j’aborde d’ailleurs. Je fais de la musique très personnelle, introspective, mais qui je pense parle malgré tout beaucoup de personnes. C’est d’ailleurs un plaisir de savoir que je ne suis pas tout seul a penser de la façon dont j’écris ou produis. J’essaye aussi de plus en plus de me positionner sur certains sujets, pour exprimer mon accord ou non. C’est important quand on a un impact sur certaines personnes de partager ses opinions et dénoncer les choses graves ou immorales par exemple. C’est l’essence même du rap et c’est en partie ce qui m’a fait adorer le style, en tant qu’artiste ou auditeur.
Quels sont tes objectifs pour la suite, en prenant en compte ce que tu as déjà sorti ?
Plus je sors de projets ou de single, plus je me prends au sérieux et pense qu’il y a vraiment quelque chose à faire avec ma musique. Si on prend ce point en compte et ma volonté de toujours plus produire et de m’améliorer, j’ai graduellement envie d’en faire mon métier. La concurrence est rude et le chemin ne sera pas facile, mais je garde en tête que ça reste ma passion au départ, et que je ne perdrais rien en continuant de peaufiner mon art. Je préfère tenter ma chance pour ne pas avoir de regrets, plutôt que potentiellement passer à côté de quelque chose. La musique et le rap m’ont fait vivre des moments uniques sous plein d’aspects différents. J’ai fait des rencontres mémorables, j’ouvre de plus en plus mon esprit et cesse de m’enrichir avec le temps qui passe. Concrètement, même si je suis de plus en plus satisfait de ce que j’ai fait, je n’ai aucune raison de m’arrêter là.
Les réseaux de l’artiste : https://www.instagram.com/yao.ods/
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