Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Nosferatu le vampire de Friedrich Wilhelm Murnau
Que serait l’histoire du cinéma sans les vampires ? Du Dracula de Todd Browning avec l’inoubliable Bela Lugosi à la série des films de la Hammer, intronisant Christopher Lee en autre interprète mythique du comte, en passant par Le Bal des vampires de Roman Polanski, le Dracula de Francis Ford Coppola, Entretien avec un vampire de Neil Jordan, Vampires de John Carpenter, la série des Blade ou de Twilight, sans oublier le grandiose Vampyr de Carl Theodor Dreyer (liste non exhaustive) : le suceur de sang aux dents longues a irrigué l’imaginaire cinématographique. Au commencement, il y eut Nosferatu le vampire de Friedrich Wilhelm Murnau sorti en 1922 et objet de deux remakes : le Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog en 1979 et celui de Robert Eggers en 2024.
Pour des questions de droits d’auteur détenus par les héritiers de Bram Stoker, l’auteur du roman Dracula, le comte Dracula se transforme devant la caméra de Murnau en comte Orlock / Nosferatu, mais ce tour de passe-passe n’empêcha pas le film de devenir un classique et l’une des œuvres emblématiques du cinéma expressionniste allemand.
Fascination du mal
Le scénario, plus ou moins librement inspiré donc du roman, met en scène au cœur du XIXème siècle Hutter, un jeune clerc de notaire envoyé, depuis la ville portuaire imaginaire de Wisborg, en Transylvanie afin de vendre une propriété au comte Orlock. Mais c’est une autre raison – son coup de foudre pour la femme de Hutter dont il a découvert une reproduction miniature – qui décide le mystérieux Orlock à embarquer dans un bateau chargé de cercueils à destination de Wisborg…
Véritable premier film d’horreur nimbé de fantastique, Nosferatu le vampire regorge de scènes et d’images-cultes, voire fondatrices, du septième art. Génial créateur de formes, le réalisateur de L’Aurore joue avec les ombres, les reliefs, les décors naturels, le montage… La gestuelle et le visage de Max Schreck campant Nosferatu ne sont pas pour rien dans l’empreinte laissée par le film. Dérèglement des sens et télépathie s’invitent. Ce conte fantastique sur la fascination du mal et son pouvoir hypnotique, tourné en 1922 en Allemagne, peut paraître a posteriori étrangement prophétique. Bientôt, d’autres monstres, bien réels eux, allaient prendre le relais.
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