Le Château d’Eau hors-les-murs poursuit son petit bonhomme de chemin dans l’ancien musée de l’Affiche, à Toulouse, avec la superbe exposition consacrée au photographe russe Alexander Gronsky. La réouverture de la galerie historique proche du Pont-Neuf, actuellement en travaux, devrait avoir lieu vers la mi-novembre.
L’année 2025 débute très bien pour le Château d’Eau avec une formidable exposition d’Alexander Bronsky, présentée par la galerie Polka, de Paris. Suivront fin mars un retour sur la photographie sociale avec le Prix Caritas puis cet été la découverte d’Anaïs Tondeur, artiste parisienne très préoccupée par les agressions de l’homme à l’égard de la nature. Actuellement hébergé dans l’ancien musée de l’Affiche, le Château d’Eau devrait retrouver son site historique en fin d’année – site restauré et agrandi. Christian Caujolle, 71 ans, n’en assurera plus la direction artistique, son contrat s’étant terminé fin 2024. Il sera remplacé par une « direction tournante », a annoncé l’adjoint aux musées Pierre Esplugas, souhaitant à l’occasion que la galerie soit « moins artistique et plus patrimoniale ». Formule curieuse qui voudrait dire « moins intello et plus grand public » ? Le choix des expositions 2026 nous éclairera sur ce point.
Mais revenons à Alexander Gronsky, photographe estonien de 44 ans vivant à Moscou. L’artiste a déjà été exposé au Château d’Eau en 2010 dans le cadre d’un projet collectif franco-russe intitulé « Des espoirs indicibles ». La neige y était omniprésente, les barres d’immeubles gris aussi. Une atmosphère prenante que l’on retrouve dans la nouvelle exposition, constituée principalement de grands formats couleur à la fois impressionnants et délicats. On y voit des humains minuscules, petits personnages à la Sempé confrontés à un milieu urbain sinistre et écrasant. La vie est là, malgré tout, colorée, ponctuée de glissades sur des buttes de neige, en famille. L’été, des amoureux apparaissent au détour d’un bosquet. La verdure est chiche et la robe de la demoiselle joliment bariolée.
Sur une autre image se prépare un pique-nique. Une Lada bleue est garée près d’un étang dont les bords sont jonchés de sacs plastique. Une usine aux grandes cheminées se situe à l’arrière-plan… Etrangement, l’angoisse écologique se double d’une grande douceur, Alexander Gronsky étant un maître de la lumière. De 2009 à 2022, en Russie mais aussi en Chine, le photographe regarde un monde moderne qui a poussé trop vite, écrasant tout sur son passage. Et pourtant, son travail déborde de tendresse dès qu’un homme rentre dans le champ, luttant vaillamment pour vivre et conserver l’espoir.
Exposition Alexander Gronsky, jusqu’au 23 mars à la galerie Le Château d’Eau (58, allées Charles-de-Fitte), Toulouse. Ouvert du mardi au dimanche de11 heures à 18 heures. Tél.05 34 24 52 35 (www.chateaudeau.com). Week-end Visite en famille samedi 18 et dimanche 19 janvier à partir de 15 heures avec plusieurs animations.