Bird, un film d’Andrea Arnold
C‘est, à coup sûr, la première claque de cette rentrée cinématographie. Voire davantage… Signé par la réalisatrice britannique Andrea Arnold, Bird nous plonge au cœur d’une communauté de l’Angleterre du sud ravagée par la pauvreté, un univers cher à Ken Loach. Sauf que le film d’Andrea Arnold va se permettre une virée dans le fantastique très particulière qui, finalement, lui donne toute son originalité.
Dans ce lieu crasseux, au cœur d’un immeuble couvert de tags, vit une famille pour le moins dysfonctionnelle. Bug, le père, essaye tant bien que mal, d’élever une partie de ses enfants, dont une jeune adolescente, Bailey, 12 ans. La suite, nombreuse, de sa famille, est dans les mains de sa première femme/compagne, celle-ci vivant de manière pour le moins scabreuse… Bug a trouvé le grand amour et a décidé de se remarier. L’arrivée de la nouvelle « maman » n’est pas du tout du goût de Bailey. Sur un coup de colère, elle va s’enfuir de l’appartement direction la campagne voisine. C’est là qu’elle va rencontrer un jeune homme totalement lunaire qui porte la bonté sur lui : Bird. Ce dernier est à la recherche de ses parents qui, il fut un temps, vivaient ici. Bailey va l’aider dans sa quête. Mais le comportement de Bird est pour le moins étrange. Quelle manie est la sienne de se tenir toujours en équilibre sur les bords des toits ? Comme un oiseau…
Le coup de génie de cette réalisatrice est de conjuguer, à la perfection, la violence et le misérabilisme ambiants avec une poésie et des échappées oniriques pétries d’émotions. Elle creuse aussi les thèmes du déterminisme social, celui des parents absents, du passage de l’enfance à l’adolescence. Si l’on est littéralement subjugués par les prestations de Barry Keoghan (Bug, déjà remarqué dans Les Banshees d’Inisherin en 2023), et de Franz Rogowski (Bird, applaudi en 2020 dans Ondine), deux comédiens d’une incroyable puissance de feu, il n’en faudrait pas pour autant oublier l’ensemble du casting, dont de très nombreux amateurs, et en particulier la toute jeune Nykiya Adams, Bailey en forme de boule de révolte et d’énergie.
Tourné caméra à l’épaule au cœur d’une communauté touchée par la pauvreté, ce film coup de poing, à la conclusion étonnante, se hisse déjà très haut dans la filmographie de 2025 !