17 ans après ses merveilleuses « Chansons d’amour », mises en scène par Christophe Honoré, Alex Beaupain compose une nouvelle comédie musicale, « Joli joli », coécrite et réalisée par Diastème. Sacré défi, remporté en partie.
Un écrivain en panne d’inspiration (William Lebghil). Une actrice qui se cherche après un échec au cinéma (Clara Luciani). Un producteur pygmalion voulant la reconquérir (José Garcia). Un réalisateur et un acteur (Grégoire Ludig et Vincent Dedienne) contraints de mentir pour cacher leur homosexualité… Dans « Joli joli », Diastème et Alex Beaupain, deux vieux copains, brassent les personnages et les situations. Le vaudeville n’est pas loin, souvent empreint de gravité, parfois gagné par la légèreté. Le duo a opté pour la difficulté, à savoir trousser une comédie musicale qui tiendrait la route face à ses aînées (la comparaison avec Michel Legrand et Jacques Demy est forcément écrasante).
Le pari est parfois réussi, parfois raté ; le drame leur allant bien, la fantaisie beaucoup moins. Quelques scènes prennent l’eau, notamment celles censées se dérouler à Cinecittà (curieusement, l’Italie avait aussi porté la poisse à Christophe Honoré dans « Marcello, Marcello »), dans un hôpital ou dans les rues enneigées (une « Chanson des éboueurs » qui nous rappelle, en nettement moins bien, celle des ramoneurs de « Mary Poppins »). Dans ces moments-là, les chorégraphies paraissent faiblardes et la mise en scène pataude. Sans parler du choix, ultra kitsch au niveau des costumes et des décors, de situer l’intrigue en 1978… Heureusement, ces défauts sont compensés par tout le côté romance du film, par ses histoires d’amour qui se chevauchent, s’effilochent avant de tisser, au final, une harmonie joyeuse.
Clara Luciani, dont c’est le premier long métrage, affiche un sourire ravageur et un charme évident. Mais pourquoi donc l’avoir affligée d’une vilaine perruque blonde ? La plupart des comédiens chantent bien, particulièrement William Lebghil, très « Beaupain » dans son expression, José Garcia en amoureux éconduit, dont la gravité émeut, et Laura Felpin en femme à tout faire du monde impitoyable qu’est le cinéma (elle est la révélation du film). Malgré ses baisses de régime, la comédie musicale finit par nous emporter. Et de quitter la salle le pas léger en chantonnant « Joli joli » avec le chœur des acteurs – air gracieux qui ne cessera ne nous trotter dans la tête. Comme ce fut le cas de bien des airs de Legrand pour Demy, avec ou sans parapluie.
« Joli joli », de Diastème et Alex Beaupain, actuellement au cinéma.
Bande originale disponible en CD et vinyle (Nolita Cinéma).