CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Halle-aux-grains, le 19 décembre 2024.P.I. TCHAIKOVSKI : Casse-Noisette, le Lac des cygnes, ext. Orchestre national du Capitole. Tugan Sokhiev.
Le Noël de Tugan Sokhiev à Toulouse.
Ce concert représente un véritable cadeau pour la ville rose. C’est le seul concert de la saison qui permettra au chef de retrouver son « orchestre de cœur ». Évidemment le charme opère et les musiciens, même s’ils sont en partie renouvelés, retrouvent Tugan avec plaisir.
Le programme tout Tchaïkovski est le cœur du répertoire du chef russe. Les extraits de ses plus beaux ballets choisis ont un caractère festif.
Dirigeant tout le concert à mains nues, Tugan Sokhiev déguste cette musique et partage son enthousiasme avec l’orchestre et le public. Ses gestes sont d’une élégance, d’une délicatesse inouïes. Tout le corps danse et participe à la direction. Les nuances qu’il obtient de l’orchestre sont somptueuses. La puissance dégagée par le geste autorise les musiciens à donner toute la beauté de leurs sonorités. Les extraits de Casse-Noisette apportent une part de la magie de Noël. La harpe et le célesta ont des parties solistes de toute beauté. Les bois rivalisent de nuances, de phrasés et de couleurs. La liberté qui règne dans l’orchestre est pure jubilation. Les cuivres dans les moments de puissance sont majestueux sans lourdeur. La beauté et la richesse de l’orchestration de Tchaïkovski se trouvent sublimées par cette interprétation si exacte. Les extraits du Lac des cygne invitent le drame et davantage de théâtralité. Le son est plus dense et la gestuelle du chef encore plus expressive. La harpe revient pour des moments magiques. Le hautbois tendre, triste ou goguenard apporte beaucoup d’expressivité, les flûtes avec des sonorités de rêve sont admirables. Clarinette, basson, trompette, cors et gros cuivres participent à la fête. Le solo de violon et violoncelle avec la harpe est un moment de musique de chambre comme suspendu dans le temps et l’espace.
La direction de Tugan Sokhiev reste de toute beauté. Plus d’un à le voir diriger, si efficacement et si simplement, pourrait imaginer que la direction d’orchestre est chose facile. Pourtant c’est un long travail personnel et au milieu d’un orchestre qu’il connait très bien, que Tugan Sokhiev a su trouver l’apparente évidence de sa direction. Il n’est pas étonnant qu’un tel talent soit reconnu mondialement, les orchestres le plébiscitent, son succès est international auprès des publics les plus exigeants. Tugan Sokhiev reste fidèle à Toulouse, l’Orchestre du Capitole et son cher public. Véritable cadeau de Noël, ces retrouvailles sont d’un soir mais quelles retrouvailles ! La Halle-aux-Grains pleine à craquer a fait un triomphe aux artistes.
Hubert Stoecklin
Photos : Damien Alcaraz