Juré N°2, un film de Clint Eastwood
Justin roule un peu vite cette nuit-là, sur cette petite route forestière, alors qu’il pleut à verse. Tout à coup, c’est le choc, sur l’avant de sa voiture. Il sort immédiatement et, ne voyant rien de spécial si ce n’est sa carrosserie cabossée, il pense que dans cette forêt épaisse il a heurté un cerf. Sa vie ne va pas s’arrêter pour un pareil incident, d’autant que tout va pour le mieux pour ce trentenaire bientôt papa. Mais voilà, le sort vient de le désigner comme possible juré lors d’un procès. Il essaie bien de se faire exempter mais cela ne marche pas et le voici parmi le jury. Le meurtre présumé d’une jeune femme va leur être exposé. Le coupable idéal, son mari, est d’ailleurs en prison en attendant la décision des jurés. Au fur et à mesure que les détails de la disparition de la victime sont énoncés : date, heure, lieu, Justin se trouble. Ce choc sur sa voiture… Il n’en dit rien cependant. Mais ne rien dire et ne pas se laisser envahir par un puissant sentiment de culpabilité, c’est autre chose. Que faire ? A l’évidence, l’accusation n’a rien contre lui. Manipuler le jury ? Difficile car il n’est pas seul et qu’un ancien flic, avant d’être viré de ce jury, a enquêté sur les accidents. Bien qu’il ne fasse plus partie des jurés, son rapport a été cependant versé au dossier.
A un âge que l’on va bientôt qualifier de canonique (94 ans !), Clint Eastwood tourne son 42e film avec une maestria que l’on ne peut que saluer. Même s’il est vrai que les films de prétoire sont un peu la chasse gardée des Américains, force est de constater combien ils sont virtuoses en la matière. Le procès se double ici d’un cas de conscience majeur : faire condamner un homme, peut-être à mort d’ailleurs, alors que l’on a deviné sa propre culpabilité. Nicolas Hoult incarne avec une acuité de ton exemplaire cet homme, Justin, navigant dans le mensonge et devant affronter en permanence ses états d’âme et d’incroyables dilemmes moraux. C’est un véritable thriller, avec un suspense haletant et un final sans parole, mais entre deux regards, qui vous clouera sur votre siège. Un grand Eastwood !