Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
La Chevauchée fantastique de John Ford
Arizona, 1885, face à l’avancée des Apaches menés par Geronimo, une diligence commandée par un shérif et un conducteur évacue des civils vers une zone plus protégée. A bord se trouvent une jeune femme enceinte s’apprêtant à rejoindre son mari officier, une prostituée, un joueur professionnel, un banquier véreux, un médecin alcoolique et un représentant en whisky. Lors d’une pause, la petite troupe est rejointe par un hors-la-loi décidé à venger le meurtre d’un membre de sa famille. Un temps escortés par des soldats, la diligence et ses occupants devront affronter les attaques des Indiens…
Classique du western, La Chevauchée fantastique, sorti en 1939, marque la première collaboration entre John Ford et John Wayne, collaboration qui donnera tant d’œuvres inoubliables : du Massacre de Fort Apache à La Prisonnière du désert en passant par Le Fils du désert, La Charge héroïque, Rio Grande ou L’Homme tranquille.
Indémodable
Il ne faut pas se fier au grandiloquent titre français, mais plutôt au lapidaire titre original (Stagecoach, « Diligence ») pour saisir l’art et la manière que Ford va déployer. Librement inspiré de Boule de Suif de Maupassant, le scénario met donc en scène une galerie de personnages dont certains sont victimes du « préjugé bourgeois ». C’est ainsi dans un registre de comédie que le film débute et s’installe, jouant sur les archétypes et les oppositions attendues. Le danger se fait attendre jusqu’à la confrontation promise avec les Apaches puis un duel presque elliptique qui remplissent le cahier des charges du western.
Avant cela, John Ford dessine des caractères, brocarde le mépris de classe et le racisme. Aussi brillant dans les scènes d’action que dans la psychologie, le cinéaste utilise le contraste entre les paysages somptueux (dont la mythique Monument Valley) et l’espace confiné de la diligence, entre les folles cavalcades et le huis-clos. Son sens inouï du cadrage et des gros plans, ses audaces (le zoom avant sur le visage de John Wayne lors de sa première apparition) font de La Chevauchée fantastique un film indémodable où s’expriment aussi la sensibilité et l’humanisme d’un immense réalisateur.
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