Quand vient l’automne, un film de François Ozon
Le dernier opus de François Ozon apporte une pierre de plus au gigantesque et magnifique édifice cinématographique entrepris par ce réalisateur français depuis une trentaine d’années.
Il nous transporte dans une Bourgogne automnale et nous met d’emblée dans les pas de Michelle, octogénaire vivant aisément dans une belle demeure, seule. Enfin, seule, pas tout à fait car dans le village, Michelle a une copine très proche, Marie-Claude. Elles se connaissent depuis longtemps et ont beaucoup de souvenirs en commun. Michelle attend avec impatience l’arrivée de Valérie, sa fille en instance de divorce, et, surtout, mais vraiment surtout, de son petit-fils Lucas. Il est presque sa raison de vivre car les liens mère-fille sont très tendus. C’est un euphémisme… Pour fêter leur arrivée, Michelle est allée cueillir des champignons en compagnie de Marie-Claude, une experte en mycologie. Las, Lucas n’aime pas ce plat et Michelle, après une dispute, encore une, avec sa fille, n’a pas faim du tout. Seule Valérie goutte la délicieuse fricassée. Mal lui en prend car dans la nuit qui suit, prise de nausée, elle est obligée de subir un lavage d’estomac. Mais tout rentre dans l’ordre. Où à peu près, car Valérie commence à imaginer que sa mère a tenté de la tuer ! Pendant ce temps Marie-Claude est allée récupérer Vincent, son trentenaire de fils, à sa sortie… de prison.
Dans un flou total parfaitement maîtrisé et orchestré, François Ozon nous entraîne au cœur d’un univers familial dont il contourne les aspérités avec des ellipses virtuoses. Suffisent-elles à se dissimuler ? Bien sûr que non ! Et c’est ici tout l’art du cinéaste, imposer des non-dits et nous aveugler par sa direction d’acteur et le génie de ces derniers. Au premier rang, deux comédiennes d’exception : Hélène Vincent, Michelle ambigüe dialoguant avec ses fantômes, et Josiane Balasko, Marie-Claude tout d’une pièce, d’un naturel confondant. Elles sont immenses. Ludivine Sagnier (Valérie) et Pierre Lottin (Vincent) ajoutent leurs talents sans fard à ce film tout à la fois sombre et lumineux.