Comme d’habitude, Indochine écrase tout sur son passage. La tournée 2025 du groupe, qui s’installera notamment du 11 au 15 mars au Zénith de Toulouse, affiche déjà complet sur la plupart des dates. Quant au nouvel album, « Babel Babel », il a pris sans surprise la première place des ventes. Sacré phénomène.
Difficile de définir à quoi tient l’attachement quasi viscéral du public à Indochine. Il y a sans doute un peu de nostalgie, les quinqua et sexagénaires revivant encore et encore leurs jeunes années bondissantes en restant archi-fidèles au groupe. Indochine, c’est aussi un sens aigu des questions de société les plus sensibles, son grand manitou, Nicola Sirkis, ayant, plus que beaucoup d’autres et de longue date, combattu les idées extrémistes et défendu la cause des homosexuels et de l’écologie. Sans jamais en rajouter (il n’a rien d’un tribun), le chanteur à la mèche emblématique rappelle qu’Indochine « soutient Amnesty International, Greenpeace, Pilotes volontaires, ceux qui luttent contre le harcèlement scolaire, etc. » Autant d’associations qui sont bien mises en avant dans les halls des salles de concerts. Son succès pérenne, le groupe l’a aussi forgé en organisant des tournées toujours plus spectaculaires (chaque soirée est un voyage extraordinaire) proposées à des tarifs raisonnables.
Après un Central Tour qui, en 2022, a réuni plus de 400000 spectateurs en seulement 6 stades, Indochine renoue avec les Zénith, au plus près de son public. Et cela marche comme sur des roulettes, plus de 300000 billets ayant été vendus en quelques jours. Pour ne parler que de Toulouse, deux concerts sont déjà complets et les deux autres risquent de l’être rapidement.
L’actualité d’Indochine, c’est aussi un nouvel album, « Babel Babel », le 14e enregistré en studio, qui s’offre le luxe d’être un double, 7 ans après la sortie triomphale de l’excellent « 13 », vendu depuis à plus de 500000 exemplaires. La photo de pochette, signée David LaChapelle est une référence évidente à Jérôme Bosch. Elle donne le ton, très sombre, avec des corps enchevêtrés, comme écrasés par la violence du monde contemporain. Beaucoup de chansons, écrites par Nicola Sirkis (avec, pour quelques-unes, la collaboration de la romancière Chloé Delaume et des chanteuses Chloé Mons et Marion Brunetto) parlent de la guerre qui menace (ou qui explose, comme en Ukraine), de rêves qui virent très vite au cauchemar, d’anges et de démons, de chaos… L’enfer n’est jamais loin, alors il faut « prendre la tangente », les chemins de traverse, pour « échapper à ses ennemis », « écrire une autre histoire » (« Les nouveaux soleil »). Heureusement, si l’on « tombe bien bas » on peut espérer remonter vers la lumière pour devenir « les reines et les nouveaux rois » (« La vie est à nous »). Ou alors « survoler le monde » et tutoyer le ciel et les nuages comme les oiseaux (« Le garçon qui rêve », seule ballade de l’album et rupture bienvenue dans un album tellement oppressant).
Toutes les musiques de « Babel Babel » sont cosignées Nicola Sirkis et Olivier Gérard (alias Oli de Sat, l’un des trois guitaristes du groupe avec Boris Jardel…et Sirkis). Le plus souvent, elles sont implacables, bien en phase avec une planète irrespirable, qu’il s’agisse d’électro (« Showtime », introduction surpuissante, « Sanna sur la Croix » ou « Annabelle Lee »), de rock (« Ma vie est à toi », « Victoria »…), voire de reggae (« La belle et la bête »). Sur disque, le rouleau-compresseur rythmique peut paraître répétitif. Mais de tels morceaux, forgés comme des hymnes (à l’amour, à la fraternité…) prendront forcément une ampleur inouïe lors des concerts. Qu’on attend maintenant avec une folle impatience.
Indochine en concert au Zénith de Toulouse mardi 11 et mercredi 12 mars 2025 à 20 heures (tarifs : de 55 à 75 euros). Les concerts de vendredi 14 et samedi 15 mars sont complets.
Double album « Babel Babel » (Indochine Records/RCA/Sony Music).