Vivre, Mourir, Renaître, un film de Gaël Morel
Alors que le SIDA revient se signaler dans le monde entier et que son dépistage se fait de plus en plus timide, le dernier opus de Gaël Morel, sans le vouloir (?), remet les pendules à l’heure quant à la dangerosité du VIH dans une émouvante comédie romantico-romanesque flirtant avec le marivaudage. Une belle réussite.
Nous sommes à la fin du siècle dernier. Un trio de trentenaires va faire la douloureuse expérience de l’amour partagé. L’histoire aurait pu être belle et pleine d’enseignements. Emma aime Sammy. Le couple va d’ailleurs s’agrandir d’un bébé. Emma le sait, Sammy aime bien aussi les hommes, et de temps en temps… Mais, se dit-elle, c’est autre chose, uniquement charnel. De toute manière, il lui revient toujours. L’appartement que ces deux jeunes viennent d’investir est tout proche du labo photo de Cyril. Tout ce petit monde se croise. Jusqu’au jour ou Sammy et Cyril échangent un baiser plus que langoureux. Tout en prenant un minimum de précautions, les rencontres se multiplient entre les deux jeunes gens. Ils ignorent alors que la mort est en train de les rejoindre à grands pas. Le drame éclate dans toute son horreur et sa crudité lorsque Emma se découvre à nouveau enceinte. Cette comédie se transforme subtilement en une fiction à caractère littéralement pédagogique sur les dangers du VIH : traitements, précautions à prendre, transmissions diverses, etc. Comme toujours dans son cinéma, Gaël Morel traite tout cela avec une élégance et une délicatesse souveraines. Faisant l’économie de tout pathos, il filme ici plutôt un hymne flamboyant à la jeunesse et à l’amour. En invitant Victor Belmondo pour le rôle de Cyril (une référence à Cyril Collard n’en doutons pas), Gaël Morel a retenu l’un des acteurs les plus lumineux de sa génération, d’une sensibilité étourdissante. Il ne porte pas entièrement le film sur ses épaules car Lou Lampros est une Emma sidérante de justesse de ton et Théo Christine un Sammy bouleversant d’émotion.
Nous épargnant les scènes dites de « genre » qui font florès dans certaines comédies françaises, vous voyez de quoi je parle…, Gaël Morel réussit là un œuvre sincère pétrie d’humanité.
A voir absolument !