A son image, un film de Thierry de Peretti
La filmographie du cinéaste ajaccien Thierry de Peretti parle d’elle-même. Sur ses six réalisations, cinq parlent de la Corse. Que ce soit son court métrage : Sleepwalkers (2009), son documentaire : Lutte jeunesse (2017), ses longs : Les Apaches (2013), Une vie violente (2017) et le présent opus, tous évoquent l’Île de beauté dans les soubresauts d’un nationalisme sanglant.
A son image n’échappe pas, loin s’en faut, à la règle. Où il est question d’une jeune photographe de presse, Antonia, travaillant pour Corse-Matin, « spécialisée » dans les faits divers et rêvant bien sûr d’un grand avenir dans le reportage de presse. Elle va d’ailleurs faire un essai peu concluant en Bosnie. Nous sommes dans les années 80 du siècle dernier. Dans son village natal, Antonia tombe amoureuse d’un beau jeune homme qui va se révéler être un dangereux nationaliste. Non pas dangereux par ses aspirations mais parce qu’il versera dans le terrorisme. Nous voilà au temps des affaires Bastelica-Fesch, du double assassinat de la prison d’Ajaccio, de la mort de Robert Sozzi, un militant en rupture de ban, des fractures au sein même du FLNC… Antonia, cœur oblige, fréquente ce milieu et le crible de photos. Interprété par des comédiens inconnus (pourquoi pas d’ailleurs ?) mais au jeu très réduit, qui plus est, et ce n’est pas la première fois chez ce réalisateur, avec une bande-son approximative pour le moins, le scénario débute par la mort en voiture d’Antonia, suivi de flash-back retraçant son parcours éphémère. Entre réflexion sur le métier de journaliste et tentative de pénétration dans la psyché des nationalistes, le film se perd, avec nous d’ailleurs, dans un flou qui vire à l’ennui. Cette adaptation du roman éponyme de Jérôme Ferrari, objet de véritables dithyrambes de la part de la presse nationale (?), décale pourtant et en toute honnêteté vers le bas la filmo jusqu’alors impressionnante de qualité de ce cinéaste.