Les Trois Fantastiques, un film de Michaël Dichter
Le premier long du jeune cinéaste français Michaël Dichter est plus que prometteur. Tout d’abord ce réalisateur ignore l’option facilité que constitue une comédie à fort potentiel hilarant. Ensuite il se permet un casting au cordeau qui, l’on s’en doute, n’a pas été facile à réunir. De plus il mobilise ici une nouvelle star du cinéma hexagonal dans un rôle somme toute secondaire. Enfin il s’empare d’un sujet à vrai dire un peu courant mais qu’il revisite à hauteur d’adolescents. Et tout cela avec une franchise de ton et un talent assez bluffant. Nous voici donc dans les Ardennes et plus précisément dans une petite ville qui n’en finit pas de mourir, désertée par ses habitants sans emplois. C’est là que sont nés et vivent trois ados inséparables : Max, Vivian et Tom. Le sujet va se focaliser sur Max. Son père a abandonné le nid familial dans lequel traîne lamentablement sa mère (Emmanuelle Bercot, comme d’habitude épatante). Mais un événement survient. Seb, le grand frère de Max, est libéré sous bracelet électronique plus tôt que prévu. Il est assigné à résidence et va donc s’installer chez sa mère. Première des choses qu’il va faire : demander à Max d’aller récupérer dans la forêt un sac. C’est le début d’une course à l’abîme qui va entraîner le jeune garçon et ses amis sur des chemins de traverse dangereux.
Seb n’est autre que Raphaël Quenard, ici dans un rôle d’une toxicité effrayante qu’il remplit avec une conviction troublante. Mais la richesse de ce film est incontestablement dans le casting des trois fantastiques. Rarement dans la cinéma français a-t-on eu l’occasion de voir des gamins de treize ans aussi talentueux, incarnant avec une force incroyable cette jeunesse abandonnée, croisant une violence qu’ils ne soupçonnaient même pas. Le scénario creuse aussi au passage le harcèlement scolaire et les conséquences catastrophiques qu’il peut entraîner.
Au total un film angoissant, aussi puissant que parfaitement maitrisé, et porté par trois jeunes comédiens qu’il serait dommage de ne pas suivre car leur potentiel semble ici énorme : Diego Murgia (Max), Benjamin Tellier (Vivian) et Jean Devie (Tom).