Rencontre avec Nicolas Druart pour son roman « l’instinct »
C’est un auteur de thriller à l’imagination diabolique, qui empoigne son lecteur dès le premier chapitre, le désoriente à coup de fausses pistes et de rebondissements et le laisse exsangue, après un twist final totalement imprévisible. Après quatre romans très réussis, le toulousain Nicolas Druart publie « l’instinct » aux éditions Harper Collins Noir. Rencontre avec un des nouveaux maîtres du roman de genre.
Comment imaginer que ce type charmant et délicat, qui m’a donné rendez-vous au café de la Concorde, en plein cœur des Chalets, est le même qui sacrifie ses personnages de façon effroyable dans des romans au suspense insoutenable ?
Dans L’instinct, ce sont des vacanciers, venus passer le week-end d’halloween dans un coin perdu des Pyrénées qui vont disparaître les uns après les autres sous les coups d’un meurtrier des plus retors. Des idées comme ça, Nicolas Druart en a plein qui lui traversent la tête.
« Quand je sens que c’est la bonne, il faut que je me mette à écrire tout de suite, avec une sorte d’urgence. Et quand le texte est fini, le soulagement ne dure pas longtemps parce qu’une autre idée arrive qui demande à être couchée sur papier ! »
C’’est sans doute pour cela que l’auteur écrit en moyenne un roman par an, depuis son premier opus Nuit Blanche qui a été sacré Grand prix du suspense psychologique en 2018. Grâce au succès de ses livres, Nicolas Druart a quitté son boulot d’infirmier pour devenir romancier à part entière. Et il a la générosité de partager avec nous son processus d’écriture.
« J’imagine d’abord un lieu. Un lieu fort avec une atmosphère angoissante, anxiogène. Pour « L’Instinct », c’est un huis clos dans un zoo. Les personnages sont piégés dans cet endroit, qui a été, deux ans auparavant, le théâtre d’un drame ». Des personnages qui deviennent la cible d’un méchant le plus effrayant possible.
Le méchant, c’est à lui que Nicolas Druart consacre toute sa réflexion au début de l’écriture d’un nouveau livre.
« C’est le personnage le plus important pour moi. Je le travaille à fond. Comment il en est arrivé là ? pourquoi il décide d’agir à ce moment-là et à cet endroit ? C’est grâce à lui que l’histoire va exister. »
Un lieu, un tueur, avec ces deux éléments, l’auteur va tricoter une intrigue complexe dans le but de perdre le lecteur et le faire osciller, au fil des pages, d’une conviction à une autre.
« J’ai un plan de départ avec des étapes importantes et j’ai toujours la fin en tête. Après, la construction se fait au fur et à mesure.
Par exemple, au quart du roman, quelqu’un doit mourir. Au tiers, il faut que le lecteur pense cela. A la moitié, il faut qu’il change d’avis.
J’avance avec ces retournements de situation. Je lance des idées, des fausses pistes sans jamais mentir. Tout est de la suggestion, par le choix des mots. Après, tout se passe dans la tête du lecteur. J’ai une une sorte de contrat avec lui. Il faut absolument qu’il soit surpris».
Nicolas Druart adore s’amuser avec les nerfs de ses lecteurs. C’est pour cela que ses romans sont si addictifs ! Impossible de deviner qui est le meurtrier avant les toutes dernières pages.
« Ce qui est magique, c’est qu’en tant qu’auteur, on a tous les pouvoirs » dit-il avec gourmandise.
Même celui de malmener ses personnages. Dans l’instinct, sept personnes, un couple en plein doute, une jeune femme avec un bébé, un couple de femme et un écrivain à succès en mal d’inspiration vont être victimes de l’auteur.
« J’adore plonger des gens lambdas dans des situations extraordinaires. Ça pourrait être des voisins, des amis. Cela permet au lecteur de mieux s’identifier. Les personnages sont d’ailleurs inspirés, dans chacun de mes livres, de gens que je connais. Ce n’est pas très gentil de leur faire subir de telles atrocités, mais bon », dit-il avec malice.
Malicieux, Nicolas Druart l’est aussi en glissant un écrivain parmi ses personnages. Un type pas vraiment sympathique d’ailleurs.
« Ah, mais il ne me ressemble pas vraiment. Enfin j’espère ! Mais à travers lui, je peux dire ce que j’aime bien dans l’écriture et ce que j’aime moins aussi. C’est un bon vecteur pour faire passer toutes les petites choses que l’on ressent quand on écrit »
Très loin de son personnage, Nicolas Druart fait partie des auteurs pour qui écrire n’est pas une souffrance.
« Ce n’est pas pénible du tout. J’étais infirmier, je sais donc ce qu’est la vraie pénibilité. Par contre écrire, c’est quelque chose de difficile. Vous ne pouvez pas vous dire à 18 heures j’arrête, parce qu’une partie de votre cerveau va continuer à mouliner. Et la moindre conversation, un livre, une série, vont nourrir l’écriture, ça ne s’arrête jamais. Ça me réveille même la nuit. C’est fatigant ! »
Avant que l’on se quitte, Nicolas Druart me glisse un petit indice sur son prochain roman.
« Je l’ai déjà quasiment écrit ! ce que je peux vous dire, c’est que ça se passera dans le milieu des forains ».
Le rendez-vous est pris pour le mois d’Octobre !
Merci à Renaud Layet de la librairie Série B, un libraire passionné et passionnant qui m’a fait découvrir Nicolas Druart et bien d’autres…