Du 27 avril au 16 juin se déroule l’exposition La route du thé à Saint-Couat d’Aude. Un croisement entre deux univers artistiques très différents qui se rassemblent pour proposer un nouveau regard sur le business de la mode. Une expo signée La Libellude et Pavan.
La route du thé, c’est un choc entre deux artistes que tout oppose mais qui, pourtant, se rassemblent autour d’une exposition. D’un côté, Pavan, qui propose un art assez brut montrant des silhouettes de corps et de visages avec différents matériaux. De l’autre, La Libellude, créatrice de mode qui vient présenter sa nouvelle collection à base de sachets de thés. Vous pourrez rencontrer les deux artistes lors du vernissage de l’exposition le vendredi 26 avril. Un défilé avec la collection de La Libellude est d’ailleurs prévu. En attendant, rencontre.
Pourquoi avoir décidé de travailler autour du thé ?
La Libellude : Le choix du sachet de thé s’est imposé à moi lors du premier confinement. Je dispensais un cours en distanciel à mes élèves et j’ai fait infuser un sachet de thé dans une tasse puis l’idée de libérer les grains de thé a été pour moi indispensable, d’écrire sur la dite feuille de papier aussi… Puis jour après jour, mois après mois, les choses ont mûri! Déclic. Je peux confectionner des tableaux mix media avec des sachets de thé… Tout s’enchaîne! Je vais au bout de mon imagination qui était en fait le début de celle-ci!
J’aime la mode, je vais confectionner une robe en sachets de thé! Mais la matière première manque cruellement. Un fan sur Facebook m’envoie 1750 sachets de thé repassés. C’est le début de mon aventure de ma collection Mode Thé Chic t’es belle en sachets de beau-thé.
Des robes, des teintes pastel bio,… Et sans savoir coudre, je modèle sur mannequin et je fabrique. 13 robes et accessoires en un an! Me voilà propulsée à la Toulouse Fashion Week, interviewée, filmée… Des photos shootings! Et c’est parti!
Pavan : C’est la thématique principale de l’exposition. Elle a comme point central et original ces robes façonnées avec des sachets de thé. J’ai donc décidé de m’adapter en utilisant du thé pour les couleurs de mes peintures. Et le thé, comme le café, permet de beaux lavis aux teintes chaudes et profondes.
Qu’est-ce que vous souhaitiez exprimer à travers cette exposition ?
La Libellude : Le sachet de thé est l’héritier de la zen attitude, il génère le calme, la transparence, la légèreté, les nuances de couleurs naturelles…il est une espèce de double peau. Il est éco responsable et éphémère, ce qui est important. Il témoigne de la fragilité solide de la vie. Mes robes représentent l’élégance, le chic et la suspension temporelle dans un monde où tout va vite. Il offre une parenthèse enchantée dans la liberté que nous avons tous de savoir prendre le temps, de l’apprécier… Telle une peau de chagrin , il est devenu un talisman où l’énergie vitale de vie peut se consumer, se consommer mais en gardant en nous, vivante, l’envie d’être soi.
Mes robes représentent la féminité, la singularité, le sublime, le spectaculaire dans ce monde brut. Elles redéfinissent les lignes de couture pour proposer une histoire d’amour unique et personnelle que chacun a la possibilité d’écrire s’il le souhaite.
Pavan : Les modèles des peintures exposées pour La route du thé viennent des mannequins pour les marques de vêtements. Je voulais ainsi questionner cet univers, questionner notre société de consommation. Mes silhouettes sont en quelque sorte une négation du vêtement. Le corps prend le pas sur l’accessoire de mode.
Pavan, Le fait d’être fils et petit-fils de maçon t’a-t-il influencé dans l’expression de ton art et les matériaux que tu utilises ?
Pavan : Oui, il y a évidemment une filiation, une hérédité. On dirait aujourd’hui que c’est une question d’ADN ! J’utilise leurs outils. Ce sont les mêmes gestes, presque la même technique, mais je l’envoie ailleurs. Cela je l’ai compris en utilisant pour la première fois une bétonnière, une brouette, une règle, du ciment dont je reconnaissais l’odeur.
Pourquoi ce choix de représenter des silhouettes ?
Pavan : Les silhouettes me permettent à la fois de saisir l’individualité d’une posture, d’une attitude, une certaine façon qu’on a tous de se tenir, en même temps d’atteindre une sorte de généralité, d’universalité qui rend compte de l’humanité dans son ensemble. En choisissant de ne pas caractériser précisément la silhouette, je peux m’adresser à tout le monde…
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Pavan : Le corps essentiellement, quasi exclusivement. On n’a jamais cessé de peindre l’homme ou la femme. La figuration d’ailleurs revient en force aujourd’hui sur le devant de la scène. Le corps n’a jamais cessé de me fasciner et je ne me lasse pas de le peindre. Et si effectivement, je tente de peindre une humanité, c’est à travers son corps que j’essaie de le faire.
L’exposition La route du thé de La Libellude et Pavan est à retrouver du 27 avril au 16 juin à l’atelier Pavan à Saint-Couat d’Aude.