Les Aventuriers de l’Arche de Noé, film d’animation de Sérgio Machado et Alois Di Leo
Le Livre de la Genèse nous parle d’une sanction divine visant à débarrasser la Terre des Humains, ces derniers ayant semé le chaos. Mais, afin de ne pas tout recommencer à zéro, Dieu sauvegarde non seulement la famille de Noé mais aussi un exemplaire de chaque couple d’animaux.
Pour ce faire, il enjoint à Noé de fabriquer un bateau, une arche, et d’y sauvegarder tout ce petit monde pendant qu’il inonde la Terre. Des oiseaux/facteurs vont donc distribuer des invitations à chacun des animaux concernés. Mais voilà que deux souris, artistes de variétés de leur état, sont témoins de cet échange entre Dieu et Noé. Ne recevant pas l’invitation salvatrice, ils vont malgré tout tenter de s’embarquer. Après bien des péripéties, un temps séparés, ils finiront par se rejoindre à bord de l’embarcation alors que les flots ont déjà inondé la surface de la Terre. A bord, ils se rendent compte que les clivages anciens sont redevenus la règle et en particulier la loi du plus fort, ou celle de la jungle à votre choix. De plus se trouvent vivre côte à côte des carnivores et des herbivores. Et quand la nourriture se fait rare…Pour tenter de calmer tout ce petit monde en ébullition, nos deux artistes vont organiser un concours de chant en attendant que la colombe revienne avec son rameau d’olivier. On ne doute pas un instant du final de cette aventure rocambolesque, bourrée de péripéties, d’humour, de suspense et de trouvailles. Car les réalisateurs font ici preuve d’une créativité qui frôle l’exubérance. Si le dessin n’est pas révolutionnaire en lui-même, par contre l’originalité des personnages est surprenante d’inventivité. Mais au travers de cette parabole qui satisfera aux larmes (de rire) les plus jeunes, il est aisé de déceler, pour les adultes, quelques sillons profonds comme les dangers d’une catastrophe climatique, les pénuries alimentaires, les gurres entre grandes puissances et les portraits de tyrans aussi pathétiques que cruels.
Les réalisateurs, Sérgio Machado et Alois Di Leo, ont grandi dans une ambiance brésilienne et leur dernier opus ressemble parfois à une comédie musicale au rythme trépignant. Les clins d’œil assassins au 7e art sont nombreux et débutent avec … l’affiche, un copier/coller de celle des Aventuriers de l’Arche perdue (Steven Spielberg-1981). Il y en a bien d’autres, tous aussi savoureux (Le Roi Lion, Le Livre de la Jungle, etc.). Mais au total les cinéastes font passer un message d’empathie et de tolérance qui ne peut que recueillir notre approbation.