La Tresse, un film de Laetitia Colombani
En 2017 le roman éponyme signé de la réalisatrice Laetitia Colombani, est un succès littéraire foudroyant : 5 millions de lecteurs. Le voici sur grand écran, tout aussi bouleversant, soulignant au passage une cinéaste prenant de l’ampleur.
Comme une tresse de cheveux tissant trois mèches distinctes pour n’en faire qu’une, le scénario nous amène dans trois pays différents : l’Inde, le Canada et l’Italie. Trois pays qui vont être incarnés par trois femmes vivant des conditions sociales très différentes. Pour autant un lien subtil va se tisser entre elles au travers des mers et des océans. Mais avant un dénouement à vrai dire un peu attendu, il n’en est pas moins bouleversant, Laetitia Colombani nous trace le portrait de trois héroïnes diamétralement opposées. Smita, l’Indienne (splendide Mia Maelzer) est une Intouchable. Elle est donc issue d’une caste vivant dans ce Continent telle une sous-population. Le parallèle flagrant, et sur lequel la communauté internationale ferme les yeux, se fait automatiquement avec l’apartheid sud-africain. Sauf qu’ici on ne parle pas de race mais de caste. Redoutable nuance sémantique. Smita est mariée. Le couple a une petite fille pour laquelle la maman a d’autres ambitions qu’un avenir d’esclave. Problème, son mari ne veut pas entendre parler d’évolution. Aussi, Smita décide de partir du foyer/taudis familial avec sa fille et tenter sa chance à Bénarès, demander l’aide des dieux. Et pour cela elle sait qu’elle doit leur offrir ses cheveux ainsi que ceux de Lalita, sa petite fille. Le périple va être long et douloureux, creusant au passage la misère d’un pays dans lequel la fracture sociale est gigantesque. Changement de décor, nous voilà au Canada, dans la tour high tech d’un cabinet d’avocats. Sarah (Kim Raver) est en passe de devenir associée, quand son docteur lui diagnostique un cancer nécessitant une chimio. Celle qui consacrait tout son temps à son travail va se réfugier dans le cocon de sa famille et lutter pour sa survie. Nouveau changement de paysage. Nous voici dans une Italie flamboyante et chaleureuse, baignée des bleus les plus intenses. Rapidement nous entrons dans l’intimité d’une famille qui tient, à bout de bras, une petite entreprise de récupération de cheveux. Le business tourne vinaigre depuis l’arrivée du synthétique. Elle va fermer quand arrive dans cette petite ville côtière … Kamal (fascinant Avi Nash), un indien sikh. Giulia (ardente Fotini Peluso), l’héritière de l’entreprise, en tombe amoureuse. Et vice versa. Mais voilà, la famille de Giulia veut la marier à un riche parti. Dans l’ombre se noue le point de fusion de ces trois destinées.! Je n’en dis pas plus, sauf vous assurer d’un voyage visuel et humain d’une sidérante beauté traversé de fulgurances émotionnelles d’une formidable intensité. Un film qui fait du bien, montrant trois parcours féminins vers la liberté qui ne peut qu’atteindre notre âme.
A voir absolument !