Le réalisateur de Seven et de Fight Club signe avec The Killer, diffusé sur Netflix, son plus mauvais film.
Au moins, on ne verra pas cela en salles puisque The Killer, après Mank, est le deuxième film de David Fincher produit et diffusé par la plateforme Netflix. Depuis une trentaine d’années, le cinéaste a réalisé des films malins, stylisés, racoleurs, brillants, boursouflés, jubilatoires, totalement vides de sens. Seven, The Game, Fight Club, Panic Room, Zodiac, The Social Network ou Gone Girl ont ainsi ponctué une filmographie très inégale. Son dernier opus touche le fond et le titre suffit presque à cerner le propos : un tueur à gages rate un contrat à Paris. Ses commanditaires se retournent contre sa compagne et l’homme va naturellement se venger.
Dès les premières images, une voix off nous fait partager les hautes pensées du héros : « L’homme est un loup pour l’homme », « Tuer ou être tué », « Depuis la nuit des temps, l’élite exploite la masse ». Les ateliers d’écriture de Netflix mériteraient mieux. Plus tard, dans cet interminable long-métrage d’un peu moins de deux heures qui semble en durer quatre, on savoure encore cette forte maxime : « Le seul chemin tout tracé est celui parcouru ». Et vice versa.
Ce besoin de faire des phrases
Evidemment, à la vision de cette pâle copie, on songe à l’indépassable Samouraï de Jean-Pierre Melville ou au Collatéral du grand Michael Mann. La comparaison suscite des éclats de rire. Hélas, là où le personnage interprété par Alain Delon se révélait d’un mutisme magnétique et existentiel, le tueur de Fincher nous inflige des monologues aussi verbeux que pompeux. D’où vient ce besoin de faire des phrases chez les hommes d’action ?
L’action, quant à elle, se déroule de Paris à Chicago en passant par la Républicaine dominicaine, la Nouvelle-Orléans ou la Floride. Ce n’était pas la peine d’aller si loin pour signer un tel naufrage. Une bagarre, vue mille fois dans n’importe quelle série télévisée, est censée réveiller le spectateur. Face à l’éternel inexpressif Michael Fassbender, Tilda Swinton s’offre une brève apparition. Ça et là, on entend des chansons des Smiths. Que viennent-ils faire dans cette galère ? La blague éculée sur l’ours sodomite s’invite. Était-ce vraiment la peine ? La question se pose également sur l’ensemble de l’entreprise.