Dorothée Janin publie La révolte des filles perdues aux Editions Stock. L’histoire stupéfiante d’une mutinerie à la prison de Fresnes.
Elles sont voleuses, fugueuses ou frivoles et sont enfermées à la prison de Fresnes. Nous sommes en 1947 et, sans avoir commis de graves crimes, elles sont emprisonnées dans une aile spéciale de la prison. Des mineures dont on ne sait que faire. Et peu en parlent. Elles occupent le temps, s’amusent et se chamaillent. Elles sont calmes et indisciplinées. Elles ne comprennent pas leur enfermement. Le refusent aussi. Parfois, elles sont maltraitées par la directrice de la prison et son mari. Après tout ce ne sont que de « mauvaises filles ». Alors qu’à cela ne tienne. Le 6 mai 1947, une partie des jeunes filles décident de se rebeller violemment. Elles cassent tout sur leur passage, elles défoncent les portes, elles s’emparent de la nourriture et de l’alcool, elles s’enivrent et se réfugient sur le toit de la prison. Les gardiens ne savent que faire. Les filles les insultent, déchirent leurs vêtements. Le chaos.
Le récit des origines
120 policiers seront appelés afin de faire revenir l’ordre. Et à quel prix ? Les jeunes filles seront menées au tribunal puis condamnées pour de bon cette fois-ci. Et ensuite, le silence. Plus personne n’entendra parler de ces adolescentes en révolte. Jusqu’au jour où Serge Valère, un célèbre avocat, fait appel à Elvire Horta. Il lui demande de rechercher sa mère biologique. A vrai dire, il ne veut rien savoir sur la femme qui l’a abandonné, il le fait pour son fils qui exige de connaître ses origines. Elvire patauge pour trouver des informations. Il faut exhumer un passé caché, chercher parmi des archives complexes, etc. Et si finalement Madeleine faisait partie des filles de Fresnes ?
Dorothée Janin raconte avec précision et énergie ce fait divers totalement oublié et pourtant hallucinant. Cela raconte la société d’alors, l’après-guerre et la place des jeunes filles dans un contexte chamboulé. Elle met en lumière ces filles qui, pour beaucoup, ont vu leur soif de liberté se heurter à la violence du monde.
La révolte des filles perdues fait partie de la première sélection du prix Goncourt 2023.
Dorothée Janin, La révolte des filles perdues, Stock.