Delphine Minoui publie L’alphabet du silence aux Editions de l’Iconoclaste. Un roman coup de poing qui dénonce l’oppression.
L’histoire se déroule à Istanbul. Un matin, Ayla est réveillée par un vacarme sans nom. On cogne à sa porte. La police. Elle ne comprend pas, elle tente de réveiller son mari. Sans succès. Elle se dirige vers la porte, il s’agit sûrement d’une erreur. Elle n’a rien à craindre, rien à se reprocher. Voilà ce qu’elle pense au moment où la porte d’entrée est défoncée. Aussitôt des cris, des bousculades, des piétinements dans tout l’appartement. Puis son mari apparaît dans la pièce, les policiers l’on arrêté. Ayla regarde Göktay, sans comprendre. Il lui demande ne pas avoir peur. Puis un regard bref et Göktay disparaît avec les policiers. Le silence devient alors sourd et terrifiant. Que vient-il de se passer ? Que faire ?
Le combat pour la liberté
D’abord ranger l’appartement, faire réparer la porte et expliquer à la fillette qui pleure pourquoi son papa est absent. Ayla est sous le choc, elle ne sait pas quoi faire. Elle amène la fillette à l’école. En même temps, elle reçoit l’appel d’une avocate qui lui donne rendez-vous. Ayla s’y précipite. Là-bas, d’autres femmes, comme elle, attendent et semblent accablées. Le temps des explications arrivent. Göktay, ainsi que d’autres universitaires, a signé une pétition. Celle de trop. Celle qui accuse le gouvernement du président Erdogan. Le pouvoir réagit en arrêtant ceux qui s’opposent à eux. Journalistes et fonctionnaires sont aussi arrêtés et jetés en prison.
Ayla, professeure de français, savait que son mari s’opposait à la répression. Ensemble, ils se confiaient et condamnaient les manipulations de l’Etat, mais cela devait rester secret, entre eux. La vie d’Ayla devient dès lors un combat sans fin. Elle veut savoir où est son mari et s’il est bien traité. Elle veut surtout faire comprendre l’absurdité de son emprisonnement. Et si pour cela elle doit lutter envers et contre tout elle le fera.
Delphine Minoui raconte une histoire bouleversante, celle d’un peuple et d’un couple amoureux. A travers l’intime, elle décrit un pays qui se scinde. Ayla incarne la figure de la combativité et de l’espoir. Le portrait d’une femme courageuse qui reste en mémoire. Pour ce roman, Delphine Minoui vient d’obtenir, à raison, le grand prix des lectrices de Elle.
Delphine Minoui, L’alphabet du silence, Iconoclaste.