2e édition du Festival de Toulouse, du 1er au 13 juillet
Réussie sur le plan artistique, la 1ère édition du Festival de Toulouse fut perturbée par la canicule qui a sévi en juillet dernier dans le sud de la France. Julien Martineau, le directeur artistique et fondateur de la manifestation, a tiré les leçons de cet épisode inaugural en prenant la décision d’abandonner la formule des concerts en plein air « sous les étoiles ». Retour à l’intérieur donc pour s’affranchir des aléas climatiques lors de la 2e édition, organisée du 1er au 13 juillet dans diverses salles toulousaines. La programmation reste en revanche fidèle à l’esprit voulu par son concepteur, éclectique, audacieuse et pluridisciplinaire, mêlant à de grands noms de la scène nationale et internationale les nombreux talents que compte la ville rose.
Des têtes d’affiche en tous genres
Philippe Katerine aux anges avec l’ONCT en ouverture au Casino Barrière
C’est dans la vaste salle de spectacles du Casino Barrière que s’ouvre le festival 2023 avec le double concert de Philippe Katerine, samedi 1er juillet à 21 h et dimanche 2 à 18 h, aux côtés des musiciens de l’ONCT dirigés par Bastien Stil. Auteur-compositeur-interprète, acteur, réalisateur, dessinateur et écrivain, le terme « inclassable » semble avoir été inventé pour ce talentueux touche-à-tout. Le créateur de l’immortel Louxor, j’adore revient à Toulouse avec une version symphonique de ses chansons réarrangées par Lucas Henri où se fait sentir l’influence de la musique française du début du XXe siècle, celle de Debussy, Ravel et du Groupe des Six. La comédienne Julie Depardieu, compagne de Philippe Katerine à la ville, viendra se joindre à la fête au cours du concert.
Roberto Alagna de retour à l’Opéra national du Capitole
On ne l’avait pas vu et entendu sur la scène lyrique toulousaine depuis plus de vingt ans. Roberto Alagna fait son retour à l’Opéra national du Capitole le mardi 4 juillet à 21 h. Une aubaine pour les nombreux amoureux du bel canto à Toulouse, d’autant plus que le célèbre ténor donne un programme de grands airs d’opéras et de mélodies napolitaines taillé sur mesure pour sa voix et son tempérament. Un hommage à ses illustres aînés Enrico Caruso et Luciano Pavarotti pour lequel le chanteur est accompagné par Yvan Cassar au piano et Julien Martineau à la mandoline.
Les vingt ans du Quatuor Modigiliani
La scène classique française produit régulièrement d’excellents quatuors à cordes. Deux d’entre eux ont acquis une véritable renommée internationale, le Quatuor Ébène et le Quatuor Modigliani, le second fêtant ses vingt ans d’existence en 2023. Une année-anniversaire qui passe par Toulouse à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, samedi 8 juillet à 21 h, avec un programme construit autour d’un des chefs d’oeuvre du genre, le fameux Quatuor à cordes n°14 en Ré mineur D810 de Franz Schubert, plus connu sous le nom de « La Jeune Fille et la Mort ». Parmi les membres du Quatuor Modigliani, on note la présence d’un Toulousain formé au conservatoire de la ville rose, l’altiste Laurent Marfaing.
Claire Chazal en récitante du concert Les Romances de la Maguelone
Johannès Brahms découvrit grâce à son ami Robert Schumann l’histoire de la belle Maguelone et de ses amours contrariées avec Pierre de Provence, un roman de Ludwig Tieck publié en 1797. Il en tira Les Romances de la Maguelone, magnifique cycle de six lieder que va chanter le grand baryton Edwin Crossley-Mercer à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, dimanche 9 juillet à 21 h. Il est accompagné par notre poète du clavier, le pianiste toulousain Adam Laloum, et entouré de Vincent Chaillet, ex-premier danseur du Ballet de l’Opéra national de Paris, maître de ballet à l’Opéra national du Capitole de Toulouse, et de la journaliste Claire Chazal, récitante de ce concert-lecture dansé.
Une carte blanche à Sanseverino en clôture du festival
Après Philippe Katerine en ouverture, c’est à Sanseverino, autre artiste qu’il serait bien difficile de ranger dans une case, que revient l’honneur de conclure la 2e édition du festival à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, jeudi 13 juillet à 21 h. Si l’humour décalé teinté de poésie qui imprègne ses textes a beaucoup contribué à son succès auprès du public, ce concert rappellera que Sanseverino est aussi un excellent guitariste, autodidacte formé dans sa jeunesse à l’écoute de la musique tzigane, du blues, du jazz manouche de Django Reinhardt et des expérimentations de Frank Zappa. Une soirée de clôture pour les inconditionnels du chanteur et les amoureux de la guitare.
Trois propositions insolites à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines
L’esprit d’ouverture que veut insuffler Julien Martineau à sa programmation se traduit notamment par des rencontres entre la musique et d’autres disciplines artistiques. Le meilleur exemple en est donné par le concert Créatrices, mercredi 5 juillet à 21 h. Trois artistes toulousaines, la violoniste Clara Danchin, la pianiste Anna Jbanova et la plasticienne Sandrine Follère y font dialoguer en live la musique et le dessin autour d’un programme de pièces de Mel Bonis, Amy Beach, Clara Schumann et Marguerite Canal (née à Toulouse en 1890). Des compositrices longtemps occultées dans l’histoire de la musique et un thème rêvé pour Sandrine Follère qui travaille depuis des années sur le transgénérationnel et la lignée des femmes.
En parlant de dessin… Peut-on faire le portait en musique de quelqu’un que l’on connaît à peine, voire pas du tout ? C’est le défi que s’est fixé Jean-François Zygel samedi 8 juillet à 11 h lors d’un concert intitulé « Portraits à emporter ». Il va improviser au piano la musique que lui inspirent des personnes présentes dans le public et qui se sont portées volontaires pour se prêter au jeu. Ces improvisations feront l’objet d’un enregistrement en direct, chaque « modèle » pouvant emporter son portrait musical à la fin du concert. Avis aux audacieux…
Du piano jazz, du piano romantique… et encore de l’opéra
Hommage au Buena Vista Social Club
Le pianiste de jazz Rolando Luna fut l’un des membres du Buena Vista Social Club avec lequel il participa à des tournées planétaires. Installé depuis quelques années dans la région toulousaine et invité privilégié des plus grands festivals (Jazz in Marciac, Piano aux Jacobins, Jazz à Vienne…) ou du trompettiste Ibrahim Maalouf lors de son concert à l’Accor Arena de Paris, le virtuose cubain et son trio rendent hommage à cette formation de légende, jeudi 6 juillet à 21 h à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines. Certainement le rendez-vous le plus dépaysant de cette 2e édition.
Anaïs Constans et Kevin Amiel en récital
On met souvent en avant à juste titre les réussites et les carrières magnifiques d’instrumentistes formés dans les classes du Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse. Les chanteurs issus de la formation toulousaine ne sont cependant pas en reste comme en témoignent les succès récents de la soprano Anaïs Constans et du ténor Kevin Amiel à l’Opéra national du Capitole et sur d’autres scènes françaises ou étrangères. Julien Martineau a réuni les deux jeunes chanteurs à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, lundi 10 juillet à 21 h, pour un récital d’airs célèbres d’opéras de Donizetti, Bizet, Gounod et quelques autres, accompagnés par le pianiste Jean-Marc Bouget.
Chaplin joue Chopin
Né dans une famille d’artistes et ancien élève du CNSMD de Paris, lauréat des Prix Mozart et Robert Casadesus au Concours International de Cleveland, le pianiste François Chaplin mène une très belle carrière internationale en tant que soliste auprès des plus grands orchestres et d’invité régulier de festivals prestigieux. Ce spécialiste de Chopin a fait paraître en 2022 une intégrale des valses du grand compositeur franco-polonais (sous le label Aparté), un enregistrement salué unanimement par la critique. De larges extraits de ce CD constituent le programme du concert « L’invitation à la valse » donné par François Chaplin, mercredi 12 juillet à 21 h à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines.
Musiques de films et ciné-concert
Comme lors de la première édition, le 7e art s’invite dans la programmation du Festival de Toulouse avec un concert de musiques de films, lundi 3 juillet à 21 h au Centre Culturel Théâtre des Mazades. Un programme des compositions de John Williams et Hans Zimmer y est proposé par l’ensemble de cuivres Metalak Euskal Herrian Orkestra, une formation basée au Pays Basque. Amateurs des bandes originales d’Indiana Jones, Star Wars, Robin des Bois, Pirates des Caraïbes, Gladiator, Les Indestructibles, ce concert est fait pour vous.
Second rendez-vous donné aux cinéphiles, vendredi 7 juillet à 22 h dans la cour de la cinémathèque pour une projection en plein air de films de Laurel et Hardy, accompagnée au piano par Jean-François Zygel. Le célèbre improvisateur et vulgarisateur est un amoureux du cinéma muet et de la forme ciné-concert, un exercice auquel il s’est souvent livré avec bonheur à Toulouse. V’la la flotte ! (un embouteillage monstre qui dégénère en course-poursuite), Laurel et Hardy constructeurs (la construction d’une maison par des artisans calamiteux) et À la soupe (un dîner bourgeois qui tourne au désastre) se succèdent sur le grand écran.
Au-delà de la volonté renouvelée des organisateurs du festival de proposer une programmation de qualité ouverte à tous les genres musicaux et aux propositions artistiques les plus inattendues, il faut noter aussi que la politique tarifaire a été revue pour cette 2e édition afin de la rendre accessible à tous les publics. Un effort particulier a été fait en direction des plus jeunes, l’entrée de l’ensemble des concerts étant gratuite cette année pour les moins de 13 ans.