Après Bayonne le 8 mai, c’est à Toulouse que l’association Mai Poumons installera son traditionnel Village les 12 et 13 mai square Charles-de-Gaulle. Entretien avec le pneumologue-oncologue toulousain Christophe Raspaud, président de l’association.
Mai Poumons est d’abord une association fondée en février 2015. Quel est son objectif ?
L’objectif de l’association est la prévention et l’éducation à la santé respiratoire auprès du public. Il s’agit d’informer, d’expliquer comment fonctionne un poumon, comment on peut le protéger et le développer. Cela vise à provoquer une prise de conscience avant qu’il n’y ait une maladie. Par ailleurs, l’association a mis en place des Villages au sein desquels interviennent d’autres associations afin de communiquer elles aussi sur le sujet.
En quoi consiste le rendez-vous annuel Le Village Mai Poumons ?
L’idée était de faire du mois de mai le mois du poumon, de la même façon qu’il y a Octobre rose autour du cancer du sein, mais sous un angle positif. C’est-à-dire que l’on communique sur le poumon qui fonctionne bien. Nous avons décidé de faire des Villages comme c’est le cas à Toulouse depuis plusieurs années. Avant le Covid, nous avions aussi organisé des villages à Bayonne, Marseille ou Bordeaux. Cette année, nous serons le 8 mai à Bayonne puis le 12 et le 13 à Toulouse. Nous avons institué ce rendez-vous annuel en forme de fête autour du poumon.
Vous mettez l’accent sur la prévention. En quoi consiste-t-elle précisément ?
Le poumon est – avec la peau évidemment – l’organe le plus en contact avec l’environnement extérieur. L’air que l’on respire va être filtré par nos poumons et l’oxygène est notre carburant cellulaire essentiel. Notre volonté est en quelque sorte de mettre une image sur cet organe, de montrer aux gens combien il peut être fragile afin de mettre en place une prévention primaire qui vise à apprendre à éviter d’abîmer nos poumons. Il faut rappeler que plus de 70 % des maladies graves respiratoires peuvent être évitées. Et parmi les causes de ces maladies, il y a évidemment la consommation de tabac, mais aussi l’environnement extérieur.
Outre le Village, quelles sont les actions de l’association ?
Nous avons organisé Poumon Sport auprès d’adhérents de Mai Poumons qui participent à des événements sportifs : course à pied, marche nordique… Nous avions aussi participé à plusieurs reprises au marathon de Toulouse avec des patients respiratoires. Nous intervenons auprès des écoles en partenariat avec ATMO Occitanie et l’ARS afin de mettre en place des ateliers dans des écoles primaires. D’ailleurs, le vendredi 12 mai, sur le Village, de 14 heures à 16 heures, nous recevrons une soixantaine d’élèves pour des ateliers. Nous sommes également présents dans le domaine culturel avec une soirée annuelle, en général à Saint-Pierre des Cuisines, en invitant des artistes qui – soit en jouant de la musique, soit en chantant – montrent à leur façon ce qu’ils peuvent faire de leurs poumons. Sur le plan national, avec d’autres associations qui s’occupent des maladies respiratoires, nous faisons partie d’un observatoire qui est intervenu au Sénat comme à l’Assemblée nationale, notamment auprès des candidats à l’élection présidentielle. En outre, via Internet et les réseaux sociaux, nous communiquons sur des gestes de la vie quotidienne qui peuvent nous exposer à des produits polluants ou à d’autres irritants.
La prise de conscience et la mobilisation des pouvoirs publics face à la pollution atmosphérique vous paraissent-elles satisfaisantes ?
Déjà, cette mobilisation a le mérite d’exister par rapport à d’autres époques où l’on se souciait moins de la qualité de l’air. Le sujet est aussi enseigné à l’école et des choses importantes ont été faites comme l’instauration de normes quant à la pollution automobile. Bien sûr, beaucoup reste à faire, mais cela nécessite une démarche pédagogique auprès de la population. Il faut faire comprendre pourquoi on déconseille, par exemple, l’utilisation de certains produits, de certaines peintures ou colles. De même, il convient d’expliquer pourquoi le diesel a un impact direct sur la santé. C’est d’ailleurs l’une des vocations de l’association : éclairer le rapport entre notre corps et notre environnement.
A une époque, il y a eu une médiatisation forte autour de la question des perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques d’origine naturelle ou artificielles. Quels sont leurs conséquences principales sur les poumons ?
Ces substances n’ont pas vraiment d’effets directs sur le poumon. En revanche, le poumon, agissant comme un filtre, utilise les vaisseaux sanguins qui vont chercher l’oxygène au niveau des alvéoles et ces vaisseaux sanguins peuvent très bien capter de l’extérieur des composés organiques volatiles ou des perturbateurs endocriniens et les transporter à travers le sang vers d’autres cellules. Au final, ces perturbateurs endocriniens vont intervenir dans d’autres zones que le poumon qui constitue juste un passage entre l’extérieur et l’organisme. A l’inverse, d’autres substances – comme le tabac bien sûr, les particules fines ou le dioxyde de soufre – sont des irritants qui interviennent directement sur l’organisme.
Combien de personnes attendez-vous ?
Avant le Covid, nous enregistrions une fréquentation de 1500 à 2000 personnes par jour. Nous réalisions 200 ou 300 examens du souffle. Notre installation, square Charles-de-Gaulle, tout près de la place du Capitole, garantit un certain passage de la population.
Entretien réalisé par Christian Authier
Mai Poumons
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