Le 28 janvier, l’ensemble toulousain de cuivres anciens Les Sacqueboutiers retrouve la scène de l’Opéra national du Capitole pour un concert qui s’annonce flamboyant ! Intitulé El Fuego, le programme de cette soirée explore le riche patrimoine musical de la Renaissance espagnole, autour de l’œuvre méconnue de Mateo Flecha (1481-1553).
Depuis leur fondation en 1976, Les Sacqueboutiers se consacrent à la redécouverte de la pratique des cuivres anciens et du vaste répertoire de la Renaissance, âge d’or de leurs instruments. Ils se sont imposés comme l’une des formations de musique ancienne les plus imaginatives. La recherche de l’excellence musicale reste le moteur essentiel de leur travail.
Sélectionnés comme Ensemble de l’année aux Victoires de la Musique Classique 2008, ils ont collaboré et poursuivent ces collaborations avec les ensembles les plus prestigieux pour interpréter des répertoires allant de la Renaissance à Mozart : Hesperion XXI, Les Arts Florissants, La Chapelle Royale, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, l’ensemble vocal Clément Janequin.
Les Sacqueboutiers ne se limitent pas au répertoire de la Renaissance. Leur créativité les amène à concevoir des spectacles associant la musique ancienne à d’autres univers artistiques : la musique contemporaine, la danse, le monde de la marionnette, le jazz, la littérature, l’ethnomusicologie.
Le programme du concert du 28 janvier est bâti autour de ces pièces hautes en couleurs très populaires tout au long du siècle d’Or espagnol et baptisées « ensaladas » (salades !). Le compositeur fétiche de cette forme musicale, Mateo Flecha l’Ancien, vécut en Catalogne au tournant des quinzième et seizième siècles. Il inventa en quelque sorte ce mélange habile de musique populaire et savante, écrite sur des textes aussi bien profanes que sacrés.
Quatre ensaladas, parmi les plus épicées de Flecha, composent le programme du concert. De la vigoureuse « La Justa » (la joute) à ce combat étonnant contre le mal, baptisé « El Fuego » (le feu), en passant par « La Negrina », pleine d’un humour réjouissant, et la très percutante « La Guerra », tout un monde coloré, imagé et imaginatif s’exprime à travers des musiques d’une incroyable richesse rythmique, mélodique et harmonique. Entre ces pièces particulièrement élaborées, Les Sacqueboutiers offrent un florilège de Villancicos (mélodies chantées) et de Tientos (pièces instrumentales composées pour les « ministriles », ces musiciens dont la fonction consistait à remplacer l’orgue dans les églises qui en étaient dépourvues).
Quatre chanteurs de culture et de langue espagnole rejoignent les musiciens pour ce programme El Fuego : le soprano Quiteria Munoz, l’alto David Sagastume, le ténor Victor Sordo et la basse Javier Jimenéz-Cuevas.
L’ensemble instrumental réunit Jean-Pierre Canihac au cornet à bouquin, Philippe Canguilhem à la chalemie, Daniel Lassalle à la sacqueboute, Enrike Solinis à la guitare, Laurent Le Chenadec à la doulciane, Florent Tisseyre aux percussions et Yasuko Uyama-Bouvard à l’orgue positif.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse