Nous serons plus précisément à New-York, et plus précis encore à Broadway avec deux génies de la musique du XXè siècle, George Gershwin et Leonard Bernstein. À la direction de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, nous retrouvons Lio Kuokman, chinois de Macao, ce même chef qui fit l’ouverture de cette saison de l’orchestre avec une magnifique Symphonie alpestre de Richard Strauss, et est presque un habitué de la Halle. C’est, comme on dit, une pointure.
Trois dates pour un même programme, le vendredi 30 et le samedi 31 à 20h, et le dimanche 1er janvier à 18h. À savoir :
Leonard Bernstein
Candide, ouverture
On the town : Three dance episodes
George Gershwin
Rhapsody in blue
Leonard Bernstein
West Side Story, Danses symphoniques
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Ouverture de Candide.
Un an avant le succès mondial de West Side Story, Bernstein compose l’opérette ? la comédie musicale ? Candide sur un livret de la dramaturge Lillian Helmann, inspiré de Voltaire. La création eut lieu le 1er décembre 1956 au Martin Beck Theatre de New-York. L’œuvre fut ensuite jouée à Londres en 1959 et recréée dans une version révisée à New-York en 1973. Version enfin définitive en 1989 à Londres. L’ouverture, brève et turbulente, animée et à l’allure de plaisanterie débute par une étincelante fanfare, que suit une partie centrale charmante et lyrique, et s’achève en un feu d’artifice plein d’allégresse. Elle s’inspire autant de Stravinski que de musique populaire américaine, particulièrement des chansons de la comédie musicale américaine. Œuvre donnée au Théâtre du Capitole fin décembre 2016.
On the town : Free dance episodes
Cette comédie musicale en deux actes pour voix, chœur, orchestre et danseurs fut créée un 28 décembre 1944. La partition de Bernstein, bourré de joyaux comme le jazzy I can cook too et les romantiques Lucky to be me et Lonely town constituent le point fort de On The Town tout comme l’est la danse, rendant ce musical parfois plus proche d’un ballet avec chansons.
Rhapsody in blue : Né en 1898, George est fils d’émigrés russes installés à New-York. Il devint par son charisme et son talent d’improvisateur, la personnalité musicale américaine la plus célèbre du de la première moitié du XXè siècle. Virtuose tout terrain, il est capable d’inventer dans l’instant les mélodies les plus originales. Il n’a pas douze ans que la musique l’a complètement investi, définitivement. Jeune garçon, vivant dans la rue comme tous les autres ou presque, il est littéralement happé, pétrifié par une mélodie de piano mécanique, la Mélodie en fa d’Anton Rubinstein. Plus tard, ambassadeur d’un jazz stylisé, vivant et parfaitement adapté à la salle de concerts, il ne négligera pas pour autant les grandes figures de la musique savante européenne que sont Ravel ou Berg. Son œuvre réunit toutes les qualités du compositeur que l’on peut qualifier de populaire, défiant les catégories désormais obsolètes de musique sérieuse et de musique légère.
Il y avait du beau monde à l’Aeolian Hall de New-York en ce jour givrant du 9 février 1924. Le tout New-York, mais aussi une foule d’inconnus qui avaient bravé la neige et le froid. On pouvait repérer dans la salle, les violonistes Jasha Heifetz et Fritz Kreisler, les chefs Misha Elman et Leopold Stokowski, Wilhelm Mengelberg et Walter Damrosh, mais encore Igor Stravinski et Sergeï Rachmaninov…Personne n’aurait voulu rater l’événement du jour, ce concert de l’orchestre monté par Paul Whiteman, intitulé “concert expérimental de musique moderne“. On y retrouve des œuvres de Thomas, Archer, Jerome Kern (Old man river), Grofé, Berlin, Schœnberg, …
Puis, surtout, à la fin, la création de la Rhapsody in blue du jeune George Gershwin. Un triomphe ! Le compositeur était au piano. Et ses dons dans le domaine pianistique furent une des causes de son triomphe devant ce type de public car sa réputation de fantastique “song plugger“ était déjà faite ailleurs. Là, c’est un véritable putsch car il prend d’assaut l’univers de la musique dite “sérieuse“. C’est aussi un scandale puisqu’il introduit aussi l’esprit et les éléments de jazz dans une œuvre symphonique. Il casse les sacro-saintes barrières, ouvertement, franchement sans passer par l’excuse “folklorisante“. Il prouve en un seul coup de maître que le jazz n’est pas toujours l’esclave de l’exactitude métrique, ni même devant s’accrocher à tout prix aux rythmes de danse. Une révolution dans la composition dite “sérieuse“. Impossible de ne pas évoquer le rôle primordial qu’eut son frère Ira auprès de lui sur le plan littéraire. Leur tandem amena des créations formidables et définitives, des sommets dans la musique américaine de la première moitié du XXè siècle.
Suite des Danses symphoniques tirées de West Side Story, fantastique divertissement musical, chorégraphique et dramatique
« Dans un certain sens, je crois que j’écris toujours le même morceau – comme c’est d’ailleurs le cas pour tous les compositeurs. Mais chaque fois, il s’agit d’une nouvelle tentative d’écrire ce morceau en d’autres termes, de lui conférer de nouvelles dimensions ou même de le voir acquérir un nouveau vocabulaire. L’œuvre que j’ai écrite tout au long de ma vie a pour objet la lutte née de la crise de notre siècle, qui est une crise de la foi. » Leonard Bernstein
West Side Story ou la naissance d’une légende
On a peine à imaginer qu’une œuvre aussi parfaite comme « West Side Story » ait été le fruit de talents violemment contradictoires, immortalisés par le film de Robert Wise, puisque l’œuvre fut au départ pour les planches d’un théâtre de Broadway, et le film tourné ensuite. Neuf ans de gestation avant que Jérôme Robbins, le chorégraphe et metteur en scène, pilier de l’entreprise, puisse mettre en forme le spectacle. Ce 26 septembre 1957, à sa création new-yorkaise, elle tint l’affiche deux ans, et plus encore à Londres. Mais son immense popularité est liée au triomphe du film et qui n’a guère faibli, et en dépit de la chorégraphie, c’est bien d’abord la musique de Bernstein qui a assuré à l’œuvre son immortalité.
Les pièces orchestrales constituent une Suite mais ne sont pas données dans un ordre qui correspond à l’histoire, et tous les plus grands morceaux n’en font pas non plus partie.
- Prologue (Allegro moderato)
- Somewhere (Adagio)
- Scherzo (Vivace e leggiero)
- Mambo (Meno presto)
- Cha-Cha (Andantino con grazia)
- Meeting Scene (Meno mosso)
- Cool, Fugue (Allegretto)
- Rumble (Molto allegro)
- Finale (Adagio)
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