Les Femmes du square, un film de Julien Rambaldi
Que ce soit à Londres, où le business est tenu par les Philippines, ou à Paris par les Africaines, il est habituel de croiser ces cohortes de femmes poussant des landaus dans les parcs ou tenant par la main des enfants, Européens pour la plupart, les surveillant au milieu d’indispensables et salvateurs playgrounds.
Ces femmes sont des nounous que la gent aisée emploie pour garder leur précieuse progéniture. C’est dans la capitale de l’Hexagone que nous allons croiser Angèle, jeune ivoirienne en rupture de ban, menacée par un mafieux pour remboursement de dette. Elle va quitter cet environnement toxique et grâce à l’appui de l’une de ses amies, va être embauchée par Hélène (Léa Drucker tout à fait crédible), mère très occupée des beaux quartiers parisiens. Il s’agit de garder le jeune Arthur, 8 ans (Vidal Arzoni épatant). Angèle rentre donc dans le moule et se retrouve passer une bonne partie de ses journées dans un square. Là elle comprend vite que, tout comme elle, ces nounous ne sont pas déclarées et donc à la merci des pseudos employeurs. Derechef, Angèle décide de partir en guerre contre cette situation. Sa rencontre avec Edouard (Ahmed Sylla parfaitement convaincant), un jeune avocat, va lui faciliter la chose même si ce dernier met en danger sa carrière dans un prestigieux cabinet. C’est une comédie, bien troussée à vrai dire. Mais ce film va plus loin. Beaucoup plus loin. Il éclaire les rapports fusionnels existants entre ces enfants et leur nounou. Celles-ci les élèvent et sont trop souvent des parents de substitution, entraînant parfois à leur départ des fractures douloureuses.
Bien qu’Eye Haïdara (Angèle) en fasse des tonnes dans son rôle, frôlant parfois la caricature voire l’outrance, le film fonctionne et creuse un sillon plus douloureux qu’il n’en a l’air.