La Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine propose à ses visiteurs l’exposition « Les impasses de la médecine » jusqu’au 28 janvier 2023. Une invitation à découvrir les tribulations de la médecine. Théories des humeurs, des signatures, de la génération spontanée… Un monde de méthodes plus ou moins fumeuses présenté sous l’œil éclairé des connaissances actuelles.
Puisqu’une noix ressemble à un cerveau et qu’une noix est comestible… Doit-on manger des noix pour éliminer le mal de tête ? C’est en tous cas ce que prétendait la théorie des signatures, apparue au XVIème siècle. Voici le genre d’anecdotes à retrouver à la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine jusqu’au 28 janvier 2023, au sein de l’exposition « Les impasses de la médecine ».
Pour en revenir à la théorie évoquée plus haut, elle est l’œuvre du philosophe et médecin suisse Paracelse, inspiré par des textes antiques. D’autres médecins s’en inspireront à leur tour pour établir différentes signatures et écrire des traités sur la question. Mais dès la fin du XVIème siècle, la théorie des signatures est contestée par des botanistes, puis les philosophes des Lumières la tourneront en ridicule.
Les organes de mauvaise humeur
La médecine médiévale a vu quant à elle naître la théorie des humeurs. Hippocrate l’a initiée puis Galien l’a popularisée au IIème siècle. Elle dominera alors la pensée médicale jusqu’à l’époque moderne. Le principe est (plus ou moins) simple. Les quatre éléments (eau, terre, air et feu) sont associés aux quatre qualités du corps humain (chaud, froid, sec et humide).
Puis les choses se compliquent. En effet, la théorie part également du principe que le corps a ses humeurs. Quatre, bien sûr. Elles émaneraient des organes censés les réguler. Il s’agit alors du sang, du flegme, de la bile jaune et de la bile noire. Les traitements issus de ce postulat sont entre autres la purgation et la saignée. Très populaires au Moyen-Âge… Et aussi très dangereux.
Une souris pousse dans le placard
Retour en Antiquité avec, cette fois, la théorie de la génération spontanée. Il n’est donc pas question de millennials dansants si l’on considère l’époque. On imaginait plutôt que, d’une matière non vivante, pouvait naître des êtres vivants. La souris ne s’est pas cachée dans le placard, mais est « sortie du ventre » de ce placard… Ou pas. L’invention du microscope décrédibilisera la théorie et plus tard, Pasteur ouvrira l’ère de antisepsie et de l’asepsie en prouvant l’existence de micro-organismes dans l’air.
« Recettes indigestes, cuisinier incompétent ! »
Le paracétamol et l’ibuprofène n’ont pas toujours existé. Il a donc fallu aller de la théorie à la pratique et créer des remèdes. Vous prendrez bien une bouchée de Theriaca Magna ? Recette biologique composée de 10 ingrédients issus de la nature, élaborée par le médecin de Néron en personne. De quoi donner envie, sur le papier. Chair de vipère, sécrétion de glandes de castor… Sûrement pas au goût de tout le monde.
D’abord contrepoison puis médicament universel, la thériaque se faisait en public. À Toulouse, la place du Capitole accueillait ce spectacle. Le vase utilisé est d’ailleurs conservé au Musée Paul-Dupuy. D’autres recettes tout aussi « appétissantes » sont présentées au fil de l’exposition, ainsi que des méthodes que l’on pourrait aujourd’hui décrire comme appartenant au domaine de la lithothérapie.
Réussites et scandales
Les pérégrinations de la science et de la médecine ont bien sûr également donné lieu à des réussites. La radiologie par exemple. Bien qu’elle fut d’abord utilisée à outrance et sans précautions, entraînant brûlures, cancers et leucémies… La découverte de la testostérone en 1935 a, de son côté, mis fin aux greffes de tissus de testicules de singe chez l’homme. Une pratique née des mains et de l’esprit du docteur Voronoff pour redonner jeunesse, mémoire, endurance et désir sexuel.
Ce phénomène aurait pu mener à une propagation de masse du virus du sida en plus d’être scientifiquement et moralement critiquable. Deux autres gros scandales ont remué le monde pharmaceutique. Ceux de la thalidomide et de la Dépakine, deux médicaments mis sur le marché aux environs des années 60. Pour en savoir plus, rendez-vous à la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine.
« Les impasses de la médecine » – Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine