Après la réussite de la reprise de Jenufa de Janáček, notre Directeur musical de l’Opéra national du Capitole, Christophe Ghristi ne pouvait que mettre tous ses efforts dans l’entrée au Capitole du compositeur tchèque avec son œuvre-phare, l’opéra Rusalka. Ce sera chose faite avec cinq représentations à partir du 6 octobre. Consulter mon article consacré à l’ouvrage.
L’immense compositeur entre au Capitole, non seulement avec son chef- d’œuvre lyrique mais aussi avec quelques joyaux puisés dans sa musique de chambre, ses partitions pour piano seul et quelques-unes de ses mélodies tchèques. Cette production, d’importance comparable à celle de son protecteur Johannes Brahms, offre à l’auditeur tantôt l’image même de l’intimité, de la subtilité et de la délicatesse, tantôt celle d’une puissance quasi symphonique.
Rappelons que l’environnement ne fut pas très porteur pour le jeune Antonín. Fils de boucher et, d’aubergiste sans lendemain du gros bourg de l’anciennement prénommé Mühlausen, sur la Moldau, et l’aîné de neuf enfants, il se retrouve très tôt avec le besoin de s’exprimer, mais voilà…. Si on le compare avec un Bruckner né dans une famille d’instituteurs, un Felix Mendelssohn né dans une saga de financiers ou un Tchaïkovski destiné à la magistrature, un Smetana qui peut faire ses débuts publics au piano à l’âge de six ans, chez les Dvořák, on est boucher de père en fils, ou du moins c’est le métier réservé à l’aîné. Ceci dit, même avec un tablier de boucher, on peut faire de la musique et même jouer de plusieurs instruments. Nous sommes au nord de Prague, et la bourgade s’étend le long des rives de la Moldau, voie de transport et de communication. C’est un village type de la Bohème, “véritable creuset musical“ dont la distraction principale est, comme dans toutes les campagnes, la danse, accompagnée du chant. Et si on veut de la musique, il faut la créer, sur l’instant, à chaque instant.
Joseph Suk
Quatre pièces pour violon et piano, op. 17
Antonín Dvořák
Quatre pièces romantiques pour violon et piano, op. 75
Leoš Janáček
Sonate pour violon et piano, JW VII/7
Antonín Dvořák
Quintette pour piano et cordes n° 2 en la majeur, op. 81
Dès le vendredi 7 octobre, à 20h, ce seront des pièces de notre cher Dvořák qui alterneront avec celles de Josef Suk et Leoš Janáček. Elles seront interprétées par le violoniste David qui adhère définitivement au bonheur de jouer la musique tchèque. Un bonheur qu’il va partager avec, le pianiste Itamar Golan, bien connu à Toulouse du temps où il se produisait avec Maxim Vengerov, mais aussi les membres de ce réputé “orchestre à géométrie variable“, “orchestre sans chef d’orchestre“ !! Les Dissonances, ici en formation de quatuor, et dont David Grimal est le directeur musical. En seconde partie, l’œuvre retenue de Dvořák est le quintette pour piano et cordes en la majeur op. 81, en quatre mouvements, œuvre de grande maturité, contrastant avec un premier essai de jeunesse : écrit en 1887 (il a alors 46 ans). Il est contemporain des premiers grands succès internationaux du compositeur en Autriche, en Allemagne et en Grande-Bretagne dans le domaine de la musique symphonique et de la musique religieuse. Des mesures de dumka, de furiant aussi sont facilement repérables.
Jeunesse de Dvořák (suite) : Toutes les occasions sont donc bonnes pour fêter en musique les événements les plus variés et vivre des moments simples de joie intense qui trouvent leur aboutissement le plus naturel, le plus authentique dans la danse collective et dans le chant, dans ces furiant, polka, sousesdka, skocna, doumka effrénés, déchaînés que Dvořák lui-même recréera dans la plénitude de sa musique. Enfin, quelques bonnes fées vont se pencher sur notre adolescent car le papa est boucher, d’accord, mais il est aussi musicien et il s’est bien rendu compte de tout l’intérêt que son fiston porte à son petit violon qui n’est pas un Stradivarius. Tout pétri de musique qu’il est, il ne peut envisager que son aîné puisse faire métier de la musique. Il va accepter tout de même qu’il laisse le tablier et parte étudier la composition…à 16 ans : ceci grâce à une petite bourse octroyée “aux artistes pauvres et bien doués“ ! Un oncle l’aidera aussi, un peu. Mis sous l’aile protectrice de ses premiers professeurs, le futur compositeur de neuf symphonies va peu à peu gravir tous les échelons en vrai tâcheron car, jeune campagnard débarquant à la ville, la grande, il ne se signale, ni par sa rigueur, ni par son allemand, ni par ses connaissances livresques, ou celle de la vie politique de sa contrée.
Antonín Dvořák
Silhouettes, op. 8 n° 1, 2, 11 et 12
Johannes Brahms
Capriccio, op. 76 n° 2
Antonín Dvořák
Treize Impressions poétiques, op. 85, n° 1 : « Chemin nocturne »
Humoresques, op. 101 n° 7, 6
Treize Impressions poétiques, op. 85, n° 3 : « Au vieux château » Thème et variations, op. 36
Johannes Brahms
Variations sur un chant hongrois, op. 21 n° 2
4 Klavierstücke, op. 119
Le lendemain samedi 8, nous commencerons à 15h avec un récital de Jonas Vitaud qui nous rappellera de par son programme le lien indéfectible qui unissait Dvořák à sa référence, à savoir Johannes Brahms. Le programme, élucidé avec grand soin par le pianiste illustrera au mieux l’amitié parfaite qui unissait les deux compositeurs.
Suite : les débuts du compositeur. Cependant Antonín sait ce qu’il veut. Ce qui l’intéresse, c’est la composition, et au travers de l’écriture, valoriser la musique qui lui est familière, celle qu’il dans sa tête, celle des danses paysannes et des airs populaires, celle qui faisait s’émerveiller un Richard Wagner ou un Hector Berlioz, des témoins attentifs lors de leurs voyages dans ces régions du goût des gens simples pour la musique. Sans moyen financier, il se débrouille et sera violoniste puis altiste et organiste, membre de l’Orchestre du Théâtre national de Prague, il vivote tout en composant secrètement. Il essuiera même les quolibets de ses collègues lorsqu’ils devineront le secret de ce jeune rustaud solitaire. La ténacité finira par payer. Faisons court : une œuvre, intitulée Hymnus va tout déclencher et son spectaculaire succès arrive juste à point. Et le soutien sans faille de Brahms suivra……
Antonín Dvořák
V národním tónu, op. 73
(Sur un ton populaire, cycle de quatre mélodies)
Klement Slavický
Ej, srdénko moje
(Oh mon cœur, si misérable, cycle de six mélodies populaires)
Antonín Dvořák
Písně milostné, op. 83
(Chansons d’amour, cycle de huit mélodies)
Bohuslav Martinů
Nový špalíček, h 2888
(Le Nouveau Špalíček, huit miniatures sur des poèmes populaires moraves)
Antonín Dvořák
Cigánské melodie, op. 55
(Mélodies tziganes, cycle de sept mélodies)
Suite à 17h 30 avec la découverte de quelques mélodies tchèques de, bien sûr, Antonín Dvořák, mais aussi Bedřich Smetana et Bohuslav Martinů. Elles seront interprétées par la soprano tchèque Kateřina Knežiková accompagnée par le pianiste Roger Vignoles.