CRITIQUE CD. ALISON BALSOM : QUIET CITY. WARNER CLASSICS/ERATO. Août 2022.
ALISON BALSOM ouvre un autre monde,
une autre galaxie à la Trompette
La trompette classique est un instrument aimé pour son brillant, son audace, ses traits aigus virtuoses (des concertos de Haydn à Poulenc) et ses joutes à fleuret moucheté avec la voix (pensons à Haendel et à Bach). Alison Balsom y excelle depuis ses débuts fracassants en 2000. Ses concerts mettent le public a ses genoux (nous-même en 2017). Ses enregistrements sont tous des références. La trompettiste anglaise est encore bien plus musicienne que cela et avec cet enregistrement somptueux elle ouvre un autre monde, une autre galaxie à son instrument. En rendant un hommage ému aux trompettistes de jazz elle joue des pièces arrangées pour l‘immense Miles Davis. Dans ce CD elle ose tout simplement chercher un autre monde sonore pour la trompette. Un monde de demi-teintes, de brumes, de clair-obscur ou de nuit. Elle ose des notes graves de pure poésie et des phrasés d’une délicatesse de camée. Ce jeu avec la lumière est fascinant et le programme qui débute avec la pièce éponyme Quiet City de Copland a une véritable cohérence artistique alors que les éléments peuvent paraître disparates. C’est le ton, la poésie qui font l’évidence du programme à l’écoute. Elle s’entoure de musiciens aussi doués qu’elle avec un orchestre d’élites : le Britten Sinfonia dirigé subtilement par Scott Stroman. Et les arrangements et transcriptions sont diaboliquement réalisés et permettent de redécouvrir avec une subtilité éloquente les œuvres si connues comme Rhapsody in Blue, le Concerto Aranjuez ou My Ship de Kurt Weil. Au Centre du récital the Unanswered Question de Charles Ives, autre œuvre originale pour la trompette, est peut-être le joyau en termes de sonorités inouïes, nuances infimes et phrasés de pure poésie.
La virtuosité est tout autre mais non moins spectaculaire : qui aurait imaginé possible un glissando si sensuel pour ouvrir la Rhapsody in Blue ? Qui pensait possibles des volutes pianissimo sur toute la tessiture ? Qui imaginait un souffle si long ? Qui osait rêver cette fragilité qui devient force ? Voilà un travail d’orfèvre avec des complices de génie.
Ce CD est absolument indispensable à tout amoureux de la musique, celui qui l’aime dans ses lumières variées !
Un tel jeu de trompette c’est de la très, très grande classe ; cela grandi l’instrument !
QUIET CITY : ALISON BALSOM, TROMPETTE. BRITTEN SINFONIA. SCOTT STROMAN : direction.
7 pistes. 54’06’’. Aaron Copland (1900-1990): Quiet City ; Leonard Bernstein ( 1918-1990) : Lonely Town : Pas de deux (arr. Alison Bolsom) ; George Gershwin ( 1898-1937) : Rhapsody in Blue ( arr. Simon Wright) ; Charles Ives (1874-1954) : The Unanswered Question ; Joachim Rodrigo ( 1901-1999): Concierto de Aranjuez : Adagio ( arr. De Gil Evans pour Miles Davis) ; Kurt Weil ( 1900-1950) : My Ship ( arr. De Gil Evans pour Miles Davis).
Chronique complète sur mon blog