CRITIQUE, concert. SALON DE PROVENCE, le 3 août 2022. Franck BRALEY. Éric LESAGE. Paul MEYER. Emmanuel PAHUD. QUATUOR AGATE.
Toujours magique la nuit musicale à Salon
Nouvelle soirée de rêve avec une chaleur plus agréable. Flûte, hautbois, clarinette et piano sont associés avec un art consommé par Saint-Saëns dans ces airs danois et russes. Des sonorités délicieuses de bois associées, un piano toujours présent dynamisant, de la virtuosité mais surtout beaucoup de charme et un son très musique française qui fait délice. Les trois fondateurs du festival et François Meyer ont su offrir une interprétation véritablement joyeuse évoquant le bonheur qu’ils ont à se retrouver ici.
L’installation des deux pianos pour le concerto de Poulenc vite réalisée permet au couple glamour Lucille Chung et Alesso Brax de prendre possession de leur instrument. Elle à gauche, lui à droite. Dans un tempo d’enfer avec une puissance martiale, ils s’engagent dans la bataille de ce concert pour deux pianos prenant au premier degré les oppositions et les moments de surenchère entre les deux instruments. Pour ma part j’apprécie plus de subtilité et de second degré dans ce duel à fleuret moucheté. Les deux pianistes baissent un peu les armes dans l’andante mais n’y mettent pas la magie attendue. Le final retrouve l’énergie guerrière avec toute la puissance et la violence d’un jeu athlétique. Il y a du style dans ce jeu certes mais tout le monde n’apprécie pas tant de violence dans une pièce très subtile sous ses apparences.
Le charme absolu revient sous la nuit provençale avec un rendez-vous régulier. Emmanuel Pahud est un interprète idéal des quatuors avec flûte de Mozart, il en a gravé plusieurs enregistrements et les joue régulièrement. A Salon, entouré d’amis le charme est encore plus sensuel. Misako Akama au violon, Joachim Riquelme Garcia à l’alto et Zvi Plesser au violoncelle semblent aux anges et jouent comme des anges. Ainsi l’andante avec le chant infini de la flûte sur les pizzicati des cordes reste un moment de bonheur absolu. Oui la beauté et la bonté existent encore.
En deuxième partie de soirée le Concert de Chausson va nous entrainer très loin. Cette œuvre sensationnelle trouve ce soir des interprètes comme galvanisés. La présence tutélaire de Franck Braley dans un jeux puissant et nuancé, couve du regard les très jeunes musiciens. Tous ensemble ils construisent cette version généreuse et subtilement phrasée. Le Quatuor Agate fait corps et trouve une sonorité enveloppante, le violon plus lumineux de Gabriel Le Magadure sait planer haut. Tout est d’une grande sensibilité et la virtuosité redoutable est oubliée au profit d’une richesse émotionnelle rare. France musique est présent à Salon j’espère que ce concert de Chausson sera retransmis car cette version a quelque chose d’unique et de merveilleux. Le public enthousiaste a fait une ovation aux musiciens visiblement émus et heureux de leur aventure musicale dans la nuit de Salon : Un Grand soleil chargé d’amour !
CRITIQUE, concert. SALON DE PROVENCE, le 3 août 2022. Cours du château de l’EMPERI. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Caprice sur des airs danois et russes Op.79 ; Francis Poulenc (1899-1963) : Concerto pour deux pianos ; Wolfgang Amadeus Mozart ( 1756-1791) : Quatuor pour flûte en ré majeur K.285 ; Ernest Chausson(1855-1899) : Concert pour piano, violon et quatuor à cordes en ré majeur Op.21 ; Franck Braley, Éric Lesage, Lucille Chung et Alessio Bax, piano ; Misako Akama, Gabriel Le Magadure, violon ; Joachim Riquelme Garcia, alto ; Zvi Plesser, violoncelle ; Emmanuel Pahud, flûte ; Paul Meyer, clarinette ; François Meyer, hautbois ; Quatuor Agate ( Adrien Jurkovic et Thomas Descamps, violons ; Raphaël Pagon, alto ; Simon Iachemet, violoncelle).
Hubert Stoecklin
CRITIQUE, concert. SALON DE PROVENCE, le 4 août 2022. Éric LESAGE. Emmanuel PAHUD. Zvi PLESSER. TRIO DÄMMERUNG. CHŒUR DE CHAMBRE DE NAMUR.
Nuit aux musiques diverses
Le Festival de Salon présente chaque année des artistes invités en leur laissant une carte blanche.
Ce soir le programme peut paraître hétéroclite certes, mais la qualité et la beauté seront les guides de la programmation. Pour débuter le concert un joli trio de Haydn pour flûte, piano et violoncelle nous fait retrouver les complices d’hier : Emmanuel Pahud souverain, Svi Plesser avec un son doux et plein et Éric Lesage toujours impeccable de précision. La facilité de cette musique ouvre grand les oreilles à la beauté et prépare à une écoute confiante de la suite du programme. Le Trio Dämerung revient cette année et nous les retrouvons avec grand plaisir. L’originalité de cette formation met en valeur tout particulièrement le Saxophone sublime d’Eudes Bernstein. Dans une adaptation très habile de Misako Akama nous redécouvrons les Scènes d’enfant de Bizet originalement écrites pour piano à quatre mains. Les couleurs et le chant infini du saxophone soutenu par le piano efficace d’Orlando Bass fait merveille. Le violon charmant de Misako Akama apporte son supplément de poésie au trio. Vraiment cette réécriture pour cette formation apporte beaucoup de fraicheur à ces pages si délicieuses. L’Épitaphe de Charles Koechlin écrite pour cette formation est un moment de grande beauté sonore avec un alliage très original des timbres. Puis en présence de Fuminori Tanada a lieu la création mondiale de sa partition originale : Mysterious Morning V. La longue amitié qui lie compositeur et interprètes se retrouve dans l’œuvre qui convient particulièrement aux trois instrumentistes avec une originalité de timbres et une beauté mélodique permettant au saxophone et au violon de s’envoler. Ce « matin » avec sa pointe de mystère semble porteur d’espoir. Puis dans une transcription très brillante de Yann Stoffel, le Trio Dämerung s’encanaille pour un bœuf sur le toit de Darius Milhaud qui décoiffe. Rythmes exotiques et sauvages, mélodies qui coulent toutes seules, tout est fête dans leur interprétation.
La deuxième partie de concert nous fait découvrir huit chanteurs du Chœur de Chambre de Namur et le pianiste Philippe Rega. Le programme très savamment construit nous entraîne dans des mélodies et pièces de piano du tournant du XIXème au XXème siècle français. Gabriel Fauré, César Franck et Raynaldo Hahn ont écrit de très belles pièces vocales en solo, duo, trio ou chœurs mixtes. Le florilège offert ce soir est un pur délice. Voix saines et agréables, sons pleins et vibrants, diction parfaite, tout est un véritable enchantement. L’émotion qui est montée lentement arrive à son climax avec l’inoubliable Cantique de Jean Racine. Cette longue mélodie qui part des basses, vers les ténors, les alti puis les sopranos est un véritable appel à l’émotion la plus belle quand elle est ainsi phrasée. L’art vocal, l’art du bien dire se donnent la main et ce chœur de Chambre est absolument délicieux. Un grand moment de bonheur a été offert et le public exultant obtient un bien joli bis.
CRITIQUE, concert. SALON DE PROVENCE, le 4 août 2022. Cours du château de l’EMPERI. Joseph Haydn (1732-1809) : Trio en sol majeur ; Georges Bizet (1838-1875) : Jeux d’enfant, transcription de Misako Akama ; Charles Koechlin (1867-1950) : Epitaphe à Jean Harlow Op.164 ; Fuminori Tanada (né en 1961) : Mysterious Morning V ; Darius Milhaud (1892-1974) : Le bœuf sur le toit Op.58, transcription de Yan Stoffel ; César Franck 1822-1890) : Œuvres vocales ; Gabriel Fauré (1845-1924) : Œuvres vocales; Reynaldo Hahn (1874-1947) : Œuvres vocales ; Éric Lesage, piano ; Zvi Plesser, violoncelle ; Emmanuel Pahud, flûte ; Trio Dämerung ( Misako Akama, violon, Eudes Bernstein, saxophone, Orlando Bass, piano ; Chœur de Chambre de Namur , Philippe Rega, piano, Direction Thibaut Lenaerts.
Hubert Stoecklin