Musiques, arts, initiatives et créations, la rédaction de Culture 31 vous emmène à la découverte des talents toulousains. Cette semaine, c’est à Jack Lacroix d’être placé en lumière. Dessinateur, graphiste, un esprit créatif aux rêves d’éditions…
Illustrateur et graphiste pour entreprises la journée, dessinateur et créateur de BD la nuit. Jack Lacroix, jeune passionné du coup de crayon (et stylé de temps à autre), nous raconte le métier de dessinateur, ses enjeux et ses difficultés. Manque de reconnaissance, pouvoir du dessiné, embouteillage à la création, entretien découverte d’un métier méconnu…
Jack Lacroix l’interview :
Tout d’abord, votre activité en quelques mots ?
D’un côté, je suis illustrateur et graphiste à mi-temps pour “Marque Jaune”. Mon travail se résume à la création d’agendas personnalisés, de mascottes d’entreprises, de dessins pour livrets. Ces travaux, ils m’arrivent aussi de les effectuer en autoentrepreneur, pour des demandes uniques de particuliers. Enfin, dans un autre temps, je suis aussi un grand passionné de BD. Dès que j’ai un peu de temps libre, j’avance sur des projets dessinés, je travaille avec Toner d’Encre sur un projet de bande dessinée. Je me plais à avoir un équilibre entre ma bulle et le monde d’entreprise. Voilà, pour un grand résumé.
Comment est venue l’idée de faire du dessin votre métier ?
Ça fait sans doute un peu cliché, mais j’ai passé toute ma scolarité la tête dans les dessins. Toujours en train d’esquisser pendant les cours, en train de suivre les aventures d’Astérix, Gaston… J’ai aussi un père illustrateur, je crois aussi que ça m’a influencé. De toutes manières c’est une passion, une passion on ne s’est jamais trop d’où ça vient.
Le dessin, l’illustration, quels rôles peuvent-ils jouer dans une entreprise ? En quoi sont-ils légitimes ?
On ne s’en rend pas compte, mais le dessin est partout autour de nous. Dans le cadre d’une entreprise, une illustration peut servir à communiquer de façon ludique, à vulgariser la philosophie de l’entreprise. Et surtout, un bon dessin s’oublie difficilement. Sur une brochure, un site web, une newsletter, un détail graphique marque le client à un point qu’il ne soupçonne pas. À noter d’ailleurs, les animaux sont d’excellents sujets pour incarner une communication visuelle.
Comment travaillez-vous ? Avec quels outils, méthodes ?
Niveau outils, je travaille avec tout l’attirail d’un dessinateur. Crayon, gomme, tablette graphique et Photoshop principalement. Côté méthodes, avant un dessin j’échange, et je discute un maximum avec le client, l’entreprise. Sauf quand la commande est déjà très précise, c’est toujours mieux d’avoir un échange humain pour viser plus juste. Ensuite, je crayonne puis je passe en digital. Un dessin complet, une mascotte par exemple, c’est environ 24 heures de travail. Pour ce qui est du dessin en lui-même, je n’ai pas de style arrêté.
“Impossible de cacher mon amour pour Franquin”
Trouvez-vous que votre métier est assez reconnu aujourd’hui ? Quelle image renvoie-t-il dans le milieu professionnel ?
Honnêtement ça va mieux. Il y a quelques années, à la phrase “je suis dessinateur”, on répondait, “et sinon ton vrai métier ?”. Aujourd’hui, grâce au digital, aux BD influentes, on commence à mieux comprendre les enjeux et travaux du dessin. Mais d’un autre côté, il y a encore ce manque de réalisme face au travail que demande un dessin. Peu de personnes réussissent à quantifier le travail que ça demande, beaucoup ont du mal à comprendre que l’on facture un supplément à partir d’un certain nombre de retouches… Mais on est quand même dans la bonne direction.
Justement, ce monde pro, à quoi il ressemble dans le monde de la BD ?
Vu de l’extérieur, on peut penser que c’est un milieu fleurissant, tant les BD sont nombreuses. Mais cet embouteillage en librairies perd le lecteur selon moi. Il y a de tout, sans doute trop de propositions. Bien sûr, la qualité est subjective, mais je trouve qu’il y a trop de BD ressemblantes, le secteur est envahi en ce moment. C’est très dur de se mettre en avant, un secteur dans lequel il faut jouer des coudes donc.
Pour se démarquer, il faut rencontrer le milieu et apprendre à se vendre. J’ai encore du mal avec ça, mais j’y travaille. J’ai déjà un Instagram et un site web en développement.
Malgré tout, ce rêve de BD vous anime. Qu’est-ce qu’il vous motive à vouloir travailler le dessin de cette manière ?
J’aime raconter des histoires. Je prends plaisir à donner vie à un scénario, ou à le penser moi-même. Je trouve que c’est une forme très authentique dans le dessin, plus intime qu’une simple commande client. J’y travaille toujours en parallèle. J’espère que de belles choses se profileront avec Toner d’Encre.
Enfin, un dessinateur ça lit quoi comme BD ? Vous avez des inspirations ?
Impossible de cacher mon amour pour Franquin. J’aime la polyvalence de ses dessins, il m’influence beaucoup. J’essaye de travailler un maximum de choses, pour répondre à n’importe quelle demande d’un côté, être plus le créatif possible d’un autre. Je pourrais aussi citer Blast et Blacksad. Ils laissent un aspect “naturel” à leurs traits, on en perçoit les défauts, les mouvements repassés… Le rendu est encore plus réaliste qu’une 3D parfaite.
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