L’Orchestre national du Capitole de Toulouse invite à la Halle aux Grains le pianiste David Fray, lors d’un concert placé sous la direction de Frank Beermann qui met au programme des œuvres de Mozart et de Bruckner.
Habitué de la Halle aux Grains, David Fray (photo) retrouve l’Orchestre national du Capitole de Toulouse pour l’interprétation du Concerto n° 21 de Mozart, sous la direction de Frank Beermann. Tous formés de deux mouvements rapides encadrant un mouvement lent, les concertos pour piano de Wolfgang Amadeus Mozart constituent un sommet pour le concerto classique et furent ceux qui ont le plus influencé la postérité. Trois de ses concertos pour piano (n° 20, n° 21 et n° 23) font partie des œuvres les plus enregistrées et connues du répertoire classique.
Au cours des deux années 1785 et 1786, Mozart vivait à Vienne, donnant libre cours à une créativité fulgurante: il a, durant cette période, composé une série de chefs-d’œuvre extraordinaires qui ont réinventé la nature du concerto pour piano et ouvert la voie à Beethoven et à ses successeurs. Mozart a alors commencé à réévaluer les rôles du soliste et de l’orchestre, développant ainsi le dialogue entre les deux entités de manière inédite.
Composé en mars 1785, le Concerto n° 21 est en ut majeur, tonalité de la clarté, voire de certaines réminiscences galantes. Formant une sorte de diptyque avec le Vingtième, cette page lumineuse est empreinte de tendresse et de flamme: si le Vingtième en ré mineur se présente comme une méditation sur le tragique de la condition humaine, le Concerto en ut majeur exprime la sérénité et un équilibre existentiel retrouvé.
David Fray prévient: «Pour moi, Mozart est comme un ciel: l’espace est là, immense, immuable, et le passage des nuages lui donne mille nuances différentes et sans cesse changeantes. L’interprète mozartien doit être capable de préserver l’unité tout en passant par une infinité de nuances. Je ne prétends pas y arriver, mais c’est vers cet idéal que je tends.»(1)
Après avoir brillé au Théâtre du Capitole en 2020 dans « Parsifal », puis l’année suivante dans « Elektra » et « la Flûte enchantée », le chef allemand Frank Beermann fait ses débuts à la Halle aux Grains à l’occasion de ce concert qui s’achèvera par la Septième Symphonie de Bruckner. Majestueuse, magnifiée par Luchino Visconti dans son film « Senso », cette page constitua à tous égards un tournant dans le parcours d’Anton Bruckner qui acquit enfin la reconnaissance.
Modeste organiste à l’abbaye de Saint Florian, en Haute-Autriche, et musicien autodidacte, il avait complété sa formation musicale après l’âge de 30 ans, à Vienne, en prenant des cours de contrepoint. Professeur, puis organiste de la cour de Vienne, il se lança dans la composition de ses symphonies après l’audition de « Tristan et Isolde », de Wagner.
Avec ses neuf symphonies, Bruckner constitue un jalon essentiel dans l’évolution du genre. Le musicologue Michel Chion le compare à un «navigateur solitaire» qui «a fait son parcours musical pratiquement sur ce seul esquif qu’est la symphonie». Compositeur solitaire, il n’était pas dédaigneux de l’opinion de ses contemporains, et a attendu d’être presque sexagénaire pour connaître le succès.
De symphonie en symphonie, Bruckner a rassemblé tous les moyens d’expression et de forme connus et utilisés à son époque dans l’écriture pour orchestre pour édifié à chaque fois un monument à la gloire de Dieu. Composée entre 1881 et 1883 et agencée en quatre mouvements, la Septième symphonie est la première qui n’a pas connu de remaniement.
La partition est marquée par la mort de Richard Wagner: «Un jour, je rentrais chez moi tout triste. Le maître Wagner, pensais-je, ne saurait vivre encore bien longtemps. C’est alors que me vinrent à l’esprit les motifs de l’“Adagio”», écrit Bruckner. D’une très lente solennité, son affinité avec la sonorité wagnérienne est renforcée par la présence des quatre tuben – tubas fabriqués spécialement pour la tétralogie.
La Septième Symphonie s’articule autour de cet «Adagio», véritable ode funèbre à Wagner, qui constitue le sommet dramatique de la partition. Il est toutefois indissociable des trois mouvements : l’«Allegro», tantôt héroïque, tantôt lyrique, s’achevant dans une coda majestueuse, prédispose à entendre l’«Adagio» ; le «Scherzo», rythmé, est bâti sur un seul thème, dont le trio central, un peu plus lent, freine un moment la précipitation haletante qui conduit vers le «Finale» ample et triomphant de la mort elle-même.
Dédiée au roi Louis II de Bavière, la Septième symphonie en mi majeur fut créée le 30 décembre 1884 à Leipzig. Le concert était donné au bénéfice du mémorial Wagner. Le succès considérable de l’œuvre offrit au compositeur une renommée internationale.
David Fray est le fondateur et directeur artistique du Festival « L’Offrande Musicale », dont la première édition s’est tenue en été 2021, dans les Hautes-Pyrénées. L’édition 2022 s’annonce somptueuse. À consulter dès maintenant.
Orchestre national du Capitole