Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Le Parrain de Francis Ford Coppola
A plus d’un titre, Le Parrain a marqué un tournant lors de sa sortie en 1972. Francis Ford Coppola, alors jeune trentenaire, inaugure une décennie de rêve qui le voit enchaîner après ce premier énorme succès Conversation secrète (Palme d’or) et Le Parrain II en 1974 puis Apocalypse Now (seconde Palme) en 1979. Avant cela, Le Parrain a fait du cinéaste l’une des figures du « Nouvel Hollywood » et a ancré la mafia américano-sicilienne dans la culture populaire.
Produit par la Paramount et adapté du roman de Mario Puzo, le film n’était pourtant pas programmé pour décrocher le triomphe public et critique qui fut le sien. La production veut des stars. Coppola impose Al Pacino, quasi inconnu, et surtout Marlon Brando. Ce dernier est considéré comme un has been ingérable. Coppola, bien que sur un siège éjectable, insiste. L’interprète d’Un Tramway nommé désir et de Sur les quais signera l’une des compositions les plus inoubliables de l’histoire du cinéma.
Proposition que l’on ne peut pas refuser
Brando n’a même pas cinquante ans, mais il campe une figure de patriarche – Don Vito Corleone, « parrain » de l’une des familles de la mafia new-yorkaise – dont la voix comme les gestes semblent porter toute la fatigue et la sagesse du monde. Avec du coton dans les joues (ou des mouchoirs en papier, les sources divergent…), le comédien assène ce qui deviendra une réplique-culte du septième art avec « une proposition que l’on ne peut pas refuser ». Le reste du casting est à l’unisson : Pacino donc, James Caan, Robert Duvall, Diane Keaton, John Cazale, Talia Shire…
On reconnaît aussi un personnage d’acteur et chanteur inspiré par Frank Sinatra. Sa carrière prendra un nouvel élan après une intervention de Vito Corleone. Une tête de cheval dans un lit peut convaincre le producteur le plus récalcitrant… Le Parrain est un ballet à la fois lyrique et extrêmement réaliste. La tragédie a des airs d’opéra, Nino Rota compose une musique aux allures de marche funèbre. Mariages, enterrements, exécutions et trahisons s’entremêlent. La magnifique photographie de Gordon Willis imprime les rétines. Trois Oscars, dont celui du meilleur film et du meilleur acteur pour Brando, couronneront l’entreprise. Coppola réalisera un troisième volet de sa saga en 1990, mais la magie s’était perdue en route.
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