Le plus médiatisé des pianistes actuels est à la Halle, le 10 avril à 20h. Le concert sera COMPLET, à n’en pas douter !! Lang Lang interprètera ce monument de l’art pianistique, le recueil des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach.
« C’est une œuvre qui vous permet de donner tout ce que vous avez, mais elle vous fait aussi comprendre ce qui vous manque, ce qu’il vous reste à apprendre. Les Variations Goldberg sont exceptionnelles : c’est l’œuvre la plus créative du répertoire pour clavier, et, surtout, la plus multidimensionnelle. Le principal défi, c’est qu’il faut rendre chaque variation spéciale en soi, mais en même temps relier toutes les variations entre elles. Il faut avoir une vue d’ensemble – on doit être à la fois le producteur et l’interprète. » Lang Lang
Sur les Variations Goldberg, en savoir davantage, cliquez ici.
Venant d’un maître vénéré de 80 ans alors, décédé depuis peu, Fou Ts’ong, le premier pianiste chinois à s’être fait un nom comme virtuose éminent, remarquons cette affirmation aux apparences paradoxales mais à la substance atemporelle, adressée au bientôt quarantenaire Lang Lang : « Tu incarnes l’esprit de la Chine traditionnelle. »
« Quand les pianistes chinois se présentent dans un concours international, on sait d’avance que leurs doigts fonctionnent, mais que leur style et leur compréhension de la musique clochent. » Lang Lang. Mais il vous confie tout aussitôt : « Je pense que l’on peut comprendre la culture musicale occidentale par son cœur. On la ressent d’ailleurs plus qu’on ne la comprend. Toute grande musique, chinoise, allemande, polonaise, russe ou française vient du cœur et de l’esprit humain. Il faut ouvrir son cœur, ses oreilles et armer son intelligence. »
Le pianiste prodige semble parfaitement lucide de la perception qu’ont les milieux, spécialisés ou non, des qualités de chacun de ses compatriotes venus saisir leur chance au-delà de leurs frontières. Mais lui, c’est Lang Lang, un pianiste doué, ou plutôt, surdoué. Lui, c’est plus qu’un pianiste, à n’en pas douter. Lire plus loin quelques lignes de sa “bio“ déjà bien impressionnante.
Quant à sa gestique emphatique devant touches blanches et noires, n’en soyez pas surpris. Elle fait débat, on le sait. Pour certains, il faut un interprète presque figé, momifié par la tradition. Mais autrefois ? Quand un Liszt faisait salon, on venait pour l’écouter, mais aussi le voir !! Ecoutons–le, à ce sujet : « La confiance en soi est l’un des éléments les plus importants. Je n’éprouve pas de trac, jamais, et je ne peux pas changer ma manière de jouer. J’ai besoin de transmettre physiquement mes sensations. Croire que la musique n’est qu’un exercice purement intellectuel est une vue de l’esprit. » Lang Lang
Il est chinois, né à Shenyang, il y a bientôt quarante ans. Il fait partie de ces plus de vingt millions de pianistes recensés dans son pays. C’est devenu en un laps de temps très court, un artiste à l’aura mondiale qui se produit sur les plus grandes scènes des salles les plus réputées aux quatre coins de la planète. C’est une virtuose hors pair doué d’une technique infaillible, qui en a déjà assez de donner en bis et à une vitesse folle, ce morceau de choix qu’est le Vol du Bourdon dans une transcription de Cziffra. Il s’amuse même maintenant à le donner en bis sur sa tablette…
Avec tout ça, évidemment, il lui est difficile de plaire à tout le monde. Et surtout pas à tous ces grincheux de critiques ou de spectateurs vieillissants pour qui il ne peut y avoir de bon(ne)s pianistes que de pianistes avec les mêmes cheveux blancs, pétris de connaissances car un jeune devant son clavier ne peut avoir assimilé tout ce que les “vieux“ ont pu apprendre au fil des ans. Et puis, fort de la fougue de sa jeunesse, il ne peut donc qu’être dépourvu de toute sensibilité !La virtuosité ne peut aller de pair, pardi. Ils en oublient, les pisse-vinaigre, qu’auparavant il n’y avait rien pour se former : pas de support, pas de cassette, pas de disques, uniquement les commentaires écrits. Sans parler de la qualité des instruments. Tout cela a fortement évolué et les jeunes artistes actuels aussi. Leur formation se fait en accéléré, et même en très accéléré. Ils disposent d’une documentation énorme.
Que nous confie-t-il encore ? : « Toucher le piano n’est pas la seule façon d’apprendre la musique. Je consacre beaucoup de temps à lire des partitions, à les analyser, à les décortiquer .On n’assimile les atmosphères que très progressivement. La compréhension du phrasé, de l’harmonie, du contrepoint est essentielle… » D’aucuns ont pu s’étonner alors de trouver dans son interprétation de certaines pièces, la conjugaison d’un lyrisme velouté et d’une surprenante et étincelante expressivité laissant pantois.
Peut-on ignorer aussi que tous ces jeunes pianistes chinois ont derrière eux, pas très loin, la Révolution culturelle avec ses représailles terrifiantes, les pianos qu’on concassait, les pianistes qu’on envoyait dans les camps avec en prime pour les plus réfractaires, les doigts cassés à coup de marteau, les parents, par exemple de Fou Ts’ong, liquidés, suicidés par Mao en 1962. Les partitions détruites. Seules, celles de Mozart semblaient trouver grâce. De tout cela, et plus, une rescapée des camps de rééducation de Mongolie intérieure, Zhu Xiao-Mei en a témoigné.
Alors, un peu d’indulgence, pour ces artistes qui, avec un peu plus de chance que d’autres peuvent vivre maintenant ce dont tant ont été privés de la génération précédente. Et qui exultent tout autant, saisissant, sous toutes ses formes, cette liberté à laquelle ils ne semblent pas croire. N’ayons crainte d’une soi-disant invasion d’artistes dont la capacité d’absorption de la culture occidentale est inversement proportionnelle à celle de leurs détracteurs devant un paravent en paille de riz couverts d’idéogrammes énigmatiques.
Quelques éléments biographiques : … à 13 ans, il s’amuse (sic !) à jouer en public à New-York, les Etudes de Chopin…Lang Lang a fait ses débuts avec l’Orchestre de Paris en 2004. Il est régulièrement invité depuis. Il a donné deux concerts avec cet orchestre à Pékin en 2007, lors de sa dernière grande tournée en Asie. Il est le premier pianiste chinois à avoir été engagé par le Philharmonique de Berlin, le Philharmonique de Vienne et les plus grands orchestres américains.
En 2008, près de cinq milliards de téléspectateurs ont regardé son concert lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin. Ce rayonnement a incité plus de quarante millions d’enfants chinois à apprendre le piano classique – phénomène baptisé “l’effet Lang Lang”. Len 2010, il a été choisi comme ambassadeur mondial officiel à l’Exposition de Shanghai 2010. Il était également aux Grammys 2008, se joignant au jazzman Herbie Hancock pour un étonnant duo retransmis en direct et suivi par quarante-cinq millions de spectateurs à travers le monde. Les deux pianistes ont poursuivi leur collaboration avec une première tournée mondiale au cours de l’été 2009. Et ses participations ont continué jusqu’à cette période si troublée.
Lang Lang le pédagogue s’est donné pour mission de partager la musique classique dans le monde, en mettant l’accent sur la formation des enfants et des jeunes musiciens par le biais de l’éducation, des programmes d’assistance et du soutien financier. À cet effet, il a créé à New York la Lang Lang International Music Foundation, avec l’appui des Grammys et de l’UNICEF. « Cette fondation permet aux enfants de découvrir le piano mais aussi d’aider les surdoués. Les amateurs sont notre public de demain. Les concerts pédagogiques de Leonard Bernstein devraient être des modèles pour tous les artistes. »
En 2011, le Lang Lang Music World est lancé. Ce complexe artistique pluridisciplinaire est situé à Shenzhen et Chongqilng en Chine. Les enfants peuvent y étudier le piano, participer à des master-classes et à des auditions, assister à des concerts. C’est un lieu de partage et d’expérience unique qui offre d’exceptionnelles opportunités aux jeunes talents.
Saluant son entreprise, Time Magazine le compte alors parmi les 100 personnalités les plus influentes. Il publie la même année son autobiographie Journey of a Thousand Miles (“Le Piano absolu”), dont il tire une version destinée aux enfants, Playing with Flying Keys. Lang Lang est le premier Ambassadeur du You Tube Symphony Orchestra.