Les désormais célèbres « Midi du Capitole » sont des occasions en or de découvrir de jeunes talents. En ce 8 mars 2022, Christophe Ghristi y avait convié sa dernière Pamina en date, la soprano française Marie Perbost. Tout auréolée de sa récente Victoire de la musique dans la catégorie Révélation lyrique en 2020, l’artiste nous revient donc avec un programme intitulé : Voyage à Paris, accompagnée à cette occasion avec toute la complicité que l’exercice nécessite, par le pianiste Nicolas Chesneau.
En fait la première partie de la soirée est plutôt un voyage vers Paris. Bousculant la tradition du genre « récital » qui voit les chanteurs se « chauffer » la voix en débutant avec des pièces qui ne les exposent pas trop, Marie Perbost attaque direct avec quatre extraits… d’opéra. Et pas n’importe lesquels : Rusalka (Antonin Dvorak), La Bohème (Giacomo Puccini), Les Noces de Figaro (Wolfgang Amadeus Mozart) et Faust (Charles Gounod). Ce périple lyrique débute avec la magnifique Invocation à la Lune de Rusalka, et c’est donc depuis Prague que nous prenons la train direction la capitale française. Un détour vers Turin nous vaut l’air de Musette, puis direction Vienne avec la grande scène de Suzanna, enfin Paris et l’air des bijoux.
La cantatrice a tôt fait de déployer un soprano à l’ambitus long et homogène, paré d’une musicalité qu’aucun des styles ici abordés ne prend en défaut. La voix est puissamment projetée, ce qui parfois métallise le timbre dans le haut de la tessiture. Mais ce qu’il y a de passionnant dans ce chant c’est de déceler l’artiste derrière chaque note. En un éclair la nymphe des eaux se transforme en courtisane (Musetta) avant de laisser place à la camériste de la Comtesse Almaviva et enfin se parer des bijoux maudits de Marguerite. En soi déjà un exploit. Le plus surprenant est en fait à venir. Optant pour le format stand-up, ou one woman show (à votre guise), Marie Perbost aborde en seconde partie de son récital un programme de mélodies françaises. Délaissant certains et larmoyants tubes du genre, elle a sélectionné des textes plutôt… coquins ! Et pour le moins amusants. De La Pensionnaire (Hervé) à La Tour Eiffel (Désiré Dihau) en passant par Mon Rendez-vous (Jean Delettre) et autre Cauchemar du chauffeur de taxi (Joseph Kosma), pour ne citer que celles-là, ce Midi se termine dans un tourbillon de rires et d’applaudissements. Des bis vont suivre bien sûr dont l’hilarante Truite de Schubert un brin revisitée…
Nous retrouverons Marie Perbost dans la nouvelle production de Platée de Jean-Philippe Rameau au Théâtre national du Capitole (rôle de La Folie) à partir du 19 mars 2022.
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse