Critique. Concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 17 février 2022. R. SRAUSS. S. RACHMANINOV. O.N. CAPITOLE. H. ZHANG. C. ARMING.
Concert sauvé In extremis
Pour ce concert donné à guichet fermé et à jauge pleine le public a été enthousiaste. Les œuvres proposées étaient, il faut en convenir, irrésistibles. Le deuxième concerto de piano de Rachmaninov est le préféré du compositeur virtuose russe. Son thème introductif si puissant est connu par le cinéma et la publicité bien au-delà du cercle habituel des concerts classiques. Le pianiste chinois Haochen Zhang est un grand virtuose. Il a donc proposé une interprétation puissante et impeccable. Nous avons apprécié une main gauche d’une rare puissance dès l’introduction du concerto. Tout du long sa virtuosité transcendante a été impressionnante. Le chef autrichien Christian Arming a sauvé le concert car Tugan Sokhiev était souffrant. Il n’est donc pas très charitable d’émettre des réserves sur sa prestation. Nous ne pouvons lui en vouloir d’avoir pris du temps à trouver l’équilibre entre le piano et l’orchestre dès le début du concerto. L’acoustique si particulière de la Halle-aux-Grains et qui change lorsque le public est comme ce soir au complet, n’était pas connue de ce chef. Il donc eu besoin de temps mais est arrivé à l’équilibre. Après ces quelques minutes de flottement la vision héroïque du pianiste a été suivie par le chef. Efficacité est le maître mot de la direction de Christian Arming avec une mise en place particulièrement claire. Le romantisme de la partition a été maîtrisé et les phrasés peu développés. L’accord du chef et du pianiste a été complet et le public a beaucoup applaudi cette version particulièrement puissante. Le pianiste chinois a ensuite généreusement offert deux bis dont une paraphrase virtuosissime et étincelante sur la Carmen de Bizet.
En deuxième partie de concert les deux poèmes symphoniques de Richard Strauss, Don Juan et Till l’espiègle, ont été des pièces agréables et permettant à l’orchestre de développer une virtuosité brillante. L’orchestre du Capitole a été en grande forme avec des solistes superbes ; Cors et bois tout particulièrement. La lecture de Christian Arming est précise et rien n’est laissé au hasard. Les personnages sont présents, les effets orchestraux sont tous réussis. Il manque à notre goût une théâtralité plus développée et surtout des nuances plus subtiles ainsi que des phrasés plus travaillés. Nous laisserons au manque de temps dû aux conditions de travail trop justes le bénéfice du doute. Probablement que la déception due à l’absence de Tugan Sokhiev, pour qui ce programme avait conduit grandes attentes, nous rend exigeant. Quoi qu’il en soit la qualité des œuvres et leur riche orchestration ont gagné les vifs applaudissements du public.
Donc merci aux organisateurs et aux artistes d’avoir sauvé ce concert dans une Halle-aux-Grains pleine à craquer.
Critique. Concert. Toulouse. Halle aux Grains, le 17 février 2022. Serge Rachmaninov (1873-1943): deuxième concerto pour piano en ut mineur. Richard Strauss. (1864- 1949) : Till l’espiègle op. 28. ; Don Juan op. 20 ; Haochen Zhang, piano. Orchestre National du Capitole de Toulouse. Christian Arming, direction.