Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Les Affranchis de Martin Scorsese
Les deux premiers volets du Parrain de Francis Ford Coppola et Les Affranchis ont inscrit la mafia italo-américaine dans l’histoire du cinéma et dans la culture populaire, mais si Coppola filmait « l’aristocratie » mafieuse, Martin Scorsese décrit la classe moyenne. D’après le livre du journaliste Nicholas Pileggi, coscénariste avec Scorsese, le film, sorti en 1990, retrace de 1955 à 1980 l’ascension et la chute d’Henry Hill au sein des « affranchis ». « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être un gangster », annonce-t-il d’emblée. C’est depuis un quartier populaire de Brooklyn que l’adolescent fera ses premiers pas au sein de la « famille » chapeautée par Paulie. A ses côtés : Jimmy Conway, manière de tuteur, et son copain Tommy DeVito.
Sur plusieurs décennies, alternant allers et retours dans la chronologie, Les Affranchis est la peinture truculente, violente, burlesque et cruelle de cette communauté de truands. On découvre leur vie quotidienne faite de petits trafics et de coups spectaculaires, leurs épouses, leurs maîtresses, leur goût des restaurants et des boîtes de nuit, leur langage dans lequel « fuck » sert de virgule, de point, de point d’interrogation et de point d’exclamation. La case prison est un passage obligé. Même là-bas, on ne plaisante pas avec l’ail qu’il faut tailler finement au rasoir ni avec la préparation de la sauce tomate et des boulettes.
Comédie humaine
Pour autant, Scorsese n’idéalise jamais les personnages. Leurs prétendus codes d’honneur et paroles données sont des foutaises. Ils peuvent tuer et trahir comme ils respirent. L’argent facile commande tout. Du côté d’Henry Hill, c’est le trafic de cocaïne et sa consommation qui précipiteront la descente aux enfers. La réussite du film doit beaucoup à son trio majeur de comédiens : Ray Liotta, Robert De Niro et Joe Pesci, inoubliable en crétin psychopathe. La présence saurienne de Paul Sorvino dans le rôle de Paulie vaut aussi le détour, tout comme la kyrielle de seconds rôles pittoresques. La mise en scène de Scorsese virevolte, adopte un rythme fou, s’offre des travellings vertigineux. Le générique de Saul Bass donne le ton. Des chansons des Stones (Gimme Shelter, Monkey Man) ajoutent de l’électricité à l’adrénaline. Plusieurs visions n’épuisent pas la richesse de cette « comédie humaine » dont David Chase s’inspirera pour la série Les Soprano où réapparaîtront de nombreux interprètes des Affranchis.
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